Une prolongation controversée malgré la suppression votée
La Métropole du Grand Paris (MGP) a annoncé, ce lundi 22 décembre, la prolongation d'un an du dispositif de dérogation pour les véhicules les plus polluants dans les zones à faibles émissions (ZFE), ainsi que de la dispense de contrôle. Une décision qui intervient alors que l'Assemblée nationale avait voté en mai 2025 la suppression pure et simple de ces zones, sous l'impulsion des Républicains (LR) et du Rassemblement national.
Un recul écologique sous couvert de pédagogie
Depuis janvier 2025, la ZFE du Grand Paris exclut les détenteurs de véhicules Crit'Air 3 – principalement des diesels immatriculés avant 2011 et des essences d'avant 2006. Pourtant, malgré cette exclusion théorique, la MGP maintient un Pass ZFE 24 h pour circuler librement dans la zone, en plus des week-ends et jours fériés. Une mesure qui, selon les opposants, revient à vider de son sens la ZFE.
La « période pédagogique » sans sanction, initialement prévue jusqu'en décembre 2025, est également prolongée d'un an. Un signal clair envoyé aux automobilistes les plus polluants, alors que la santé publique devrait rester la priorité.
Des aides financières en berne, mais des efforts locaux
Alors que le gouvernement a supprimé les aides à la reconversion et réduit le bonus écologique, la MGP tente de compenser en proposant jusqu'à 10 000 euros d'aides pour l'achat d'un véhicule neuf, dont 6 000 euros à sa charge. Une initiative louable, mais qui peine à convaincre face à l'inaction nationale.
Un bras de fer politique autour des ZFE
Le projet de loi « simplification », voté en mai 2025, prévoyait la suppression des ZFE. Pourtant, cette mesure n'a pas encore abouti, laissant les règles en vigueur.
« Les outils que nous renouvelons offrent des solutions concrètes (…) pour permettre un temps d'adaptation et d'appropriation de la mesure, afin de garantir une ZFE responsable et raisonnable. »a déclaré Patrick Ollier, président (LR) de la MGP, tout en reconnaissant son attention à l'évolution du cadre législatif.
La santé publique en otage des calculs politiques
Alors que la crise climatique s'aggrave, cette prolongation des dérogations apparaît comme un recule écologique. Les opposants dénoncent une capitulation face aux lobbies automobiles et aux pressions de l'extrême droite, qui voit dans les ZFE une atteinte à la liberté individuelle.
Dans ce contexte, la MGP tente de jouer les médiateurs, mais son rôle reste limité face à l'absence de vision claire du gouvernement Lecornu II. Une situation qui laisse présager de nouvelles tensions en 2026, alors que la France s'apprête à accueillir les Jeux Olympiques, sous le regard critique de l'Union européenne.