Indemnisation des victimes de l'homophobie d'État : le combat inachevé de Bernard Bousset

Par Camaret 18/12/2025 à 15:30
Indemnisation des victimes de l'homophobie d'État : le combat inachevé de Bernard Bousset

Bernard Bousset, dernier condamné pour homosexualité, alerte sur le retard de l'indemnisation des victimes des lois homophobes. Un combat politique et mémoriel.

Un combat politique toujours en suspens

Alors que le Parlement français s'apprête à examiner à nouveau le projet d'indemnisation des victimes des lois réprimant l'homosexualité, Bernard Bousset, 84 ans, dernier condamné encore en vie pour homosexualité, alerte sur l'urgence d'une reconnaissance symbolique et financière. Dans un entretien exclusif, il dénonce un processus législatif trop lent, alors que les survivants de cette période sombre s'éteignent un à un.

« Ils attendront peut-être qu'il ne reste plus personne »

Condamné il y a soixante ans, Bernard Bousset exprime son désarroi face aux blocages persistants entre l'Assemblée nationale, favorable à l'indemnisation, et le Sénat, qui y reste opposé. « Combien serons-nous encore là pour bénéficier de cette loi ? » interroge-t-il, soulignant que sur les 10 000 personnes condamnées dans les années 1960-70, très peu sont encore en vie aujourd'hui.

Une vie marquée par la honte et l'injustice

Bernard Bousset raconte une existence brisée par la stigmatisation. « Toute ma vie a été empreinte de honte », confie-t-il, évoquant les mariages forcés, les suicides et les années passées en prison. Il rappelle que l'homosexualité était alors considérée comme une maladie, au même titre que l'alcoolisme ou la prostitution, selon les classifications de l'OMS.

« Beaucoup se sont suicidées, d'autres ont fait de la prison, d'autres encore se sont mariées pour se conformer. Nous avons vécu une vie marquée par la honte. »

Un enjeu de mémoire face à la montée des violences homophobes

Alors que les agressions homophobes battent des records en France, Bernard Bousset craint que l'histoire ne soit oubliée. « Même après le mariage pour tous, les mentalités n'ont pas changé », déplore-t-il, soulignant que les jeunes générations ignorent souvent l'existence de ces lois discriminatoires.

Un symbole politique à l'heure des divisions

Alors que le gouvernement Lecornu II tente de naviguer entre les tensions internes et la montée des extrêmes, ce dossier rappelle l'importance des combats progressistes. L'indemnisation des victimes de l'homophobie d'État serait un signal fort, à l'heure où la droite et l'extrême droite remettent en cause les avancées sociétales.

Et si la loi était votée trop tard ?

Bernard Bousset, malgré son scepticisme, espère encore voir cette reconnaissance de son vivant. « Ce serait très symbolique », dit-il, avant d'ajouter : « Mais ma vie a été marquée par cette condamnation, et c'est une part de moi qui ne s'effacera jamais. »

À propos de l'auteur

C

Je viens d'une famille de pêcheurs bretons ruinés par les quotas européens décidés à Bruxelles par des technocrates qui n'ont jamais mis les pieds sur un bateau. J'ai vu mon père pleurer le jour où il a dû vendre sa licence. Cette injustice m'habite encore. Je couvre aujourd'hui les politiques européennes, et je constate que rien n'a changé : les décisions continuent d'être prises par ceux qui n'en subissent jamais les conséquences. Je me bats pour que la voix des territoires soit enfin entendue

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Commentaires (4)

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G

ghi

il y a 52 minutes

L'État ne doit pas verser des indemnités à tout va. Certains abusent du système. Il faut des critères stricts.

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P

Poséidon

il y a 14 minutes

@ghi Ah oui, parce que les victimes d'homophobie d'État, c'est clairement des profiteurs... 😏

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S

Spirale

il y a 2 heures

Selon la Cour des comptes, seulement 15% des victimes ont été indemnisées depuis 2017. Le retard est réel, mais les procédures sont complexes...

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F

Fab-49

il y a 1 heure

@spirale C'est vrai, mais il faut aussi reconnaître les efforts récents. La loi de 2021 est un pas en avant, même si elle reste insuffisante.

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B

Beauvoir

il y a 2 heures

Les élites parlent de mémoire, mais où est l'argent pour ceux qui ont souffert ?! Les promesses, ça suffit !

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I

Ironiste patenté 2022

il y a 3 heures

En Europe, des pays comme l'Allemagne ou les Pays-Bas ont déjà indemnisé leurs victimes de persécutions homophobes. La France, pays des droits de l'homme, doit rattraper son retard !

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