Une commission controversée sous l'oeil critique de la gauche
La commission d'enquête parlementaire sur les liens entre partis politiques et mouvements islamistes, portée par la droite, a rendu ses conclusions mercredi 17 décembre. Si elle n'a pas démontré de liens structurés, elle accuse La France insoumise (LFI) de proximités avec des acteurs de l'islamisme radical.
Des accusations ciblées contre LFI
Dans son rapport final, la commission, dirigée par le député LR Xavier Breton, pointe du doigt le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Les auteurs évoquent une stratégie clientéliste visant l'électorat musulman, notamment à travers l'instrumentalisation de la cause palestinienne après les attentats du 7-Octobre. « En prétendant défendre les musulmans, certains élus de LFI soutiennent en réalité des individus proches des mouvements islamistes », affirment-ils.
La commission cite notamment le député Thomas Portes et l'eurodéputée Rima Hassan, accusés de complaisance envers des figures controversées. « L'engagement de LFI dans une stratégie clientéliste auprès de l'électorat musulman a pu faire de ce mouvement une cible privilégiée pour les stratégies d’entrisme », souligne le rapport.
Des conclusions mitigées et des tensions politiques
Malgré ces accusations, la commission reconnaît ne pas avoir trouvé de liens financiers ou structurels entre partis politiques et islamisme. « Il n'y a pas de lien structurel ou financier », a admis Matthieu Bloch, rapporteur UDR, lors d'une conférence de presse. « Mais des liens conjoncturels, électoralistes, existent. C'est précisément ce qui les rend dangereux. »
Cette nuance n'a pas convaincu LFI, qui dénonce une manœuvre politique. « Cette commission n'avait qu'un seul objectif : devenir une commission d'inquisition politique à notre encontre », a réagi le mouvement dans un communiqué. Jean-Luc Mélenchon, audité le 6 décembre, avait ironisé : « Votre commission nous innocente totalement. »
Des recommandations controversées
La commission formule 32 propositions, dont le renforcement des mécanismes de vigilance au sein des partis politiques, le contrôle accru des subventions aux associations et le durcissement des mesures contre l'apologie du terrorisme. Elle appelle aussi à un soutien accru à la recherche sur l'islam et à un renforcement des services de renseignement.
Ces propositions, jugées utiles par certains, sont critiquées par la gauche pour leur approche sécuritaire. Le gouvernement Lecornu II, bien que modéré, pourrait s'en inspirer pour durcir sa politique face à l'islamisme radical.
Un débat qui dépasse LFI
Au-delà du cas LFI, cette commission relance le débat sur les risques d'entrisme dans le paysage politique français. La gauche radicale dénonce une instrumentalisation de la lutte contre l'islamisme pour affaiblir ses adversaires. La droite, elle, défend une approche préventive, soulignant les dangers d'une complaisance envers des idéologies hostiles à la République.
Dans un contexte de crise de la démocratie locale et de polarisation politique, cette enquête illustre les tensions persistantes entre les forces progressistes et conservatrices en France.