La droite sénatoriale explore la « post-croissance » : un virage inattendu ?
La droite sénatoriale propose des mesures écologiques inédites, mais son virage sera-t-il crédible ?
Un amendement pour le recyclage, une première à droite
Alors que le débat sur le budget 2026 s'annonce tendu à l'Assemblée nationale, le Sénat, bastion traditionnel de la droite conservatrice, s'engage dans une voie inédite. Vanina Paoli-Gagin, sénatrice de l'Aube (Les Indépendants), déposera un amendement visant à instaurer un taux réduit de TVA pour les biens recyclés. Une mesure qui pourrait marquer un tournant dans la politique économique du parti.
« C'est un non-sens qu'un frigo recyclé soit soumis à la même TVA qu'un frigo neuf », dénonce l'élue. Cette proposition s'inscrit dans le prolongement d'un rapport adopté à l'unanimité en octobre par la délégation à la prospective du Sénat, intitulé « Valeurs économiques à l'horizon 2050 ».
Un rapport qui bouscule les clivages traditionnels
Le document, signé par trois sénateurs de droite, intègre des concepts habituellement associés à l'écologie politique : économie circulaire, post-croissance, solvabilité planétaire, agroécologie. Une orientation qui contraste avec les positions traditionnelles de la droite sénatoriale, souvent critiquée pour son immobilisme.
« Loin des plateaux télévisés, ce texte montre ce que pourrait donner une droite moderne, ouverte, attentive aux basculements en cours, et qui se projette dans l'avenir », commente Jérôme Batout, philosophe et expert auditionné par la délégation. Une déclaration qui pourrait alimenter les tensions au sein du parti, où les courants conservateurs et libéraux s'affrontent régulièrement.
Un positionnement stratégique pour 2027 ?
Alors que la France se prépare pour les élections présidentielles de 2027, ce virage écologique pourrait être interprété comme une tentative de la droite de séduire un électorat plus jeune et soucieux des enjeux environnementaux. Une stratégie qui s'inscrit dans un contexte où le Rassemblement National, allié traditionnel de la droite, durcit ses positions anti-écologiques.
Pourtant, cette initiative pourrait aussi être perçue comme une tentative de greenwashing politique, alors que le gouvernement Lecornu II peine à tenir ses engagements climatiques. Les critiques ne manquent pas : « Des mots, mais peu d'actes concrets », dénonce un député écologiste sous couvert d'anonymat.
Reste à savoir si cette ouverture sera suivie d'effets, alors que la droite sénatoriale reste majoritairement attachée à une vision productiviste de l'économie.
À propos de l'auteur
Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.
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