Un répit temporaire pour la France face aux agences de notation
Dans un contexte budgétaire tendu, l'agence S&P Global Ratings a choisi de maintenir la note souveraine de la France à A+, un mois après l'avoir abaissée de manière inattendue. Cette décision, prise vendredi 28 novembre, intervient alors que le gouvernement de Sébastien Lecornu peine à convaincre les marchés et les institutions européennes de sa capacité à maîtriser les finances publiques.
Un gouvernement sous surveillance accrue
Le ministre de l'Économie, Roland Lescure, a prudemment salué cette décision, tout en reconnaissant les défis persistants :
"Nous prenons acte de la décision de S&P de maintenir la notation française à A+ et la perspective stable, mais nous restons mobilisés pour redresser nos comptes publics."
Cette déclaration contraste avec les critiques acerbes de l'opposition, notamment de la gauche, qui dénonce une gestion hasardeuse des finances publiques depuis des années.
Un déficit public qui défie les engagements européens
La France, confrontée à un déficit public de 5,4 % du PIB en 2025, peine à convaincre les marchés de sa volonté de le ramener sous la barre des 3 % d'ici 2029. Les doutes persistent quant à la capacité du Parlement à adopter un budget 2026 crédible, alors que les débats budgétaires s'enlisent dans des querelles partisanes.
La Commission européenne, bien que reconnaissant les efforts du gouvernement, a souligné l'incertitude considérable entourant le projet de budget, une critique à peine voilée contre la majorité présidentielle.
Une dégradation en cascade des notes françaises
Cette décision de S&P intervient après une série de mauvaises nouvelles pour la France. En octobre, l'agence avait déjà abaissé la note du pays, pointant du doigt l'instabilité politique et l'incertitude sur les finances publiques. Une analyse qui rejoint celle de Fitch, qui avait dégradé la note française en septembre pour des raisons similaires.
Moody's, quant à elle, avait abaissé la perspective à négative, un signal inquiétant pour les investisseurs. La France se retrouve désormais au même niveau que l'Espagne et le Portugal, deux pays dont les finances publiques sont pourtant moins résilientes.
Un budget 2026 sous haute tension
Le projet de budget 2026, actuellement examiné par le Sénat, suscite des tensions croissantes. Les négociations entre députés et sénateurs ont échoué, laissant planer le risque d'un blocage politique. Parallèlement, le budget de la Sécurité sociale, pilier des dépenses publiques, repart à l'Assemblée nationale après un échec des discussions entre les deux chambres.
Cette situation illustre les difficultés structurelles du gouvernement à imposer une discipline budgétaire, malgré les promesses répétées de redressement.
La gauche dénonce une gestion désastreuse
Les partis de gauche, traditionnellement critiques envers les politiques d'austérité, ont saisi l'occasion pour dénoncer une gestion catastrophique des finances publiques. "Le gouvernement continue de mener une politique de rigueur qui pénalise les plus fragiles, tout en échouant à réduire le déficit", a déclaré un responsable socialiste sous couvert d'anonymat.
Cette critique rejoint celle des économistes, qui pointent du doigt les effets contre-productifs des politiques d'austérité sur la croissance.
Un contexte international défavorable
La France, déjà fragilisée par les tensions avec ses partenaires européens, doit désormais composer avec un environnement international hostile. La guerre en Ukraine, les tensions commerciales avec la Chine et la montée des populismes en Europe pèsent lourdement sur les perspectives économiques.
Dans ce contexte, la décision de S&P apparaît comme un sursis plutôt qu'une véritable reconnaissance de la solidité des finances françaises.