Une résolution symbolique mais un message clair
Dans un geste rare d'unanimité politique, l'Assemblée nationale a adopté jeudi 27 novembre une résolution invitant le gouvernement à s'Macron face à la colère des agriculteurs : le Mercosur, un accord qui divise" class="internal-link" data-internal-link="true" data-article-id="721">opposer fermement à l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur. Ce texte, porté par La France insoumise (LFI), a été approuvé par 244 voix contre une, cette dernière étant le fruit d'une erreur de vote selon la députée concernée.
La résolution, bien que non contraignante, envoie un signal fort à l'exécutif : elle exige la constitution d'une minorité de blocage au Conseil de l'UE et la saisine de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) pour vérifier la conformité de l'accord. Une initiative qui intervient à quelques semaines des votes décisifs prévus au niveau européen en décembre.
Un accord « mortifère » pour l'agriculture française
Pour les opposants à ce traité, signé fin 2024 après des décennies de négociations, les risques sont immenses. Matthias Tavel (LFI) a dénoncé un accord « mortifère » pour l'agriculture et le climat, appelant à une pression maximale sur Emmanuel Macron. « C'est un choix de civilisation », a-t-il lancé, soulignant les dangers d'une ouverture accrue aux produits agricoles sud-américains (bœuf, volaille, sucre, miel) en échange d'une augmentation des exportations européennes de voitures, machines et vins.
Les garanties renforcées en septembre par Bruxelles, censées protéger les filières sensibles, sont jugées largement insuffisantes. Julien Limongi (RN) a qualifié ces mesures d'« illusion » pour faire accepter l'accord, tandis que le ministre délégué chargé de l'Europe, Benjamin Haddad, a reconnu que « l'accord tel que conclu en 2024 n'est pas acceptable en l'état ».
La France en première ligne pour défendre ses intérêts
Le gouvernement français, bien que critique, se veut pragmatique. Benjamin Haddad a salué les avancées obtenues en octobre, notamment le renforcement des clauses de sauvegarde, mais a insisté sur l'insuffisance des mesures actuelles. « Cette avancée, utile et nécessaire, n'est pas suffisante aujourd'hui. Le compte n'y est pas », a-t-il déclaré, rappelant deux exigences françaises : des « clauses miroirs » pour garantir l'équité des normes et des contrôles sanitaires et phytosanitaires accrus.
Alors que le vote des États membres est attendu avant le 20 décembre, la pression monte sur le gouvernement pour qu'il défende les intérêts agricoles français. Une position qui pourrait influencer les négociations européennes, alors que l'Union européenne cherche à concilier ouverture commerciale et protection des filières stratégiques.
Un enjeu qui dépasse les frontières
Cet accord, s'il était ratifié, aurait des conséquences majeures pour les agriculteurs français, déjà fragilisés par les crises successives. Les syndicats agricoles, comme la FNSEA, ont multiplié les alertes sur les risques de dumping social et environnemental. La résolution adoptée jeudi reflète une prise de conscience croissante des dangers d'un accord déséquilibré, au moment où l'Europe doit aussi faire face à des défis climatiques et géopolitiques majeurs.
Dans ce contexte, la France, souvent en pointe sur les questions agricoles, joue un rôle clé. Son opposition pourrait inspirer d'autres États membres, alors que la Commission européenne cherche à finaliser les négociations avant la fin de l'année. Un bras de fer qui s'annonce serré, entre défense des intérêts nationaux et ambition européenne.