Le cordon sanitaire face à l'extrême droite : une digue qui s'effrite

Un rempart démocratique en péril

Le concept de cordon sanitaire, emprunté au vocabulaire médical, illustre avec force la gravité de la menace que représente l'extrême droite pour les démocraties européennes. Cette stratégie, conçue pour isoler les forces antidémocratiques, montre aujourd'hui des signes inquiétants d'affaiblissement, au moment même où les partis d'extrême droite gagnent du terrain dans plusieurs pays.

Une doctrine née de l'urgence démocratique

Dans les années 1980, les partis démocrates européens ont adopté cette approche pour contenir la montée des idées xénophobes et autoritaires. L'objectif était clair : refuser toute collaboration avec des forces politiques menaçant les valeurs républicaines. Cette position, initialement unanime, a commencé à se fissurer face à la progression électorale de l'extrême droite.

"Cette doctrine a tenu jusque dans les années 2000, avant de céder progressivement au fur et à mesure que grimpaient les scores des partis d’extrême droite."

Des brèches inquiétantes en Europe

L'Autriche a ouvert la voie en 2000, suivie par le Danemark, l'Italie, l'Espagne et la Suède. Ces alliances ponctuelles, souvent justifiées par des impératifs locaux, ont affaibli le principe même du cordon sanitaire. En France, où la tradition républicaine reste forte, le refus des coalitions nationales tient encore bon, mais des compromis dangereux apparaissent au niveau local.

La droite française en première ligne

Si l'expression "cordon sanitaire" a été popularisée en 1987 par des personnalités de gauche, c'est à droite que les tensions ont été les plus vives. L'alliance controversée de Dreux en 1983, où le Front national a soutenu une liste de droite, a marqué un tournant. Cette collaboration a légitimé des idées dangereuses, ouvrant la voie à des compromis successifs.

Un enjeu pour l'Union européenne

La persistance de ce cordon sanitaire est essentielle pour préserver les valeurs européennes. Face à la montée des discours de haine et des extrémismes, la solidarité démocratique doit rester une priorité. Les récents succès électoraux de l'extrême droite en Europe rappellent l'urgence d'une réponse unie des forces progressistes.