Un projet controversé du Rassemblement National
Le Rassemblement National (RN) relance le débat sur la légalisation des maisons closes, une proposition qui suscite une vive opposition de la part des associations féministes et des défenseurs des droits des femmes. Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, prépare une proposition de loi visant à créer des lieux coopératifs tenus par les prostituées elles-mêmes. Une initiative présentée comme une réponse à la pénalisation des clients, jugée inefficace par le parti d'extrême droite.
Une position qualifiée d'« extrêmement conservatrice »
Lénaig Le Fouillé, porte-parole du Mouvement du Nid, une association luttant contre la prostitution, dénonce une « position extrêmement conservatrice » du RN. Pour elle, cette proposition s'inscrit dans une logique hygiéniste et patriarcale, où le contrôle du corps des femmes prime. « La droite conservatrice a toujours eu une position hygiéniste de contrôle du corps de la femme. Aujourd'hui, j'espère que la France est progressiste », déclare-t-elle.
Le Mouvement du Nid s'oppose fermement à toute forme de légalisation, estimant que la prostitution est souvent liée à des situations de précarité et de violence. « Nous vivons dans une société post-MeToo où on a bien compris que les hommes ne peuvent plus s'accaparer le corps des femmes contre de l'argent », ajoute Lénaig Le Fouillé.
Un débat qui divise
Si le Mouvement du Nid rejette toute légalisation, le STRASS (Syndicat du Travail sexuel) défend une approche radicalement différente. Ce collectif milite pour la reconnaissance du travail sexuel comme une activité professionnelle déclarée et s'oppose à la pénalisation des clients. Cependant, pour Lénaig Le Fouillé, le STRASS représente une minorité de personnes.
La porte-parole du Mouvement du Nid souligne également le manque de moyens de l'État pour accompagner les personnes souhaitant quitter la prostitution. « Aujourd'hui, nous manquons de moyens d'enquête auprès des clients. La prostitution, c'est aujourd'hui des personnes extrêmement jeunes, des mineurs, les clients cherchent la jeunesse. Nous ne pourrons pas l'encadrer », explique-t-elle.
Un « vieux marronnier » politique
Pour Lénaig Le Fouillé, la proposition du RN n'est qu'un « vieux marronnier » politique, relancé pour des raisons électoralistes. Elle invite Jean-Philippe Tanguy à relire la décision de la Cour européenne des droits de l'homme, qui rappelle que la prostitution est une atteinte à la dignité des femmes.
Alors que la France traverse une période de tensions politiques et sociales, cette proposition du RN s'inscrit dans un contexte plus large de polarisation des débats autour des droits des femmes et de la lutte contre les violences sexistes. Le gouvernement, quant à lui, reste silencieux sur ce sujet, laissant le champ libre aux débats souvent passionnés.