Le Sénat valide la suppression de 4 000 postes d'enseignants : une mesure démagogique au service de la droite ?

Par Aurélie Lefebvre 06/12/2025 à 00:11
Le Sénat valide la suppression de 4 000 postes d'enseignants : une mesure démagogique au service de la droite ?

Le Sénat, à majorité droite, valide la suppression de 4 000 postes d'enseignants malgré les critiques de la gauche, dans un budget 2026 présenté comme ajusté.

Un vote controversé sous l'influence de la droite sénatoriale

Le Sénat, dominé par une alliance entre la droite et les centristes, a approuvé vendredi 5 décembre la suppression de 4 000 postes d'enseignants prévue dans le projet de budget 2026. Cette décision, présentée comme une mesure d'ajustement démographique, suscite de vives critiques de la part de l'opposition de gauche, qui y voit une régression sociale masquée par des chiffres.

Une logique budgétaire contestée

Le sénateur Les Républicains Olivier Paccaud, rapporteur du budget de l'Éducation nationale, a justifié cette coupe en évoquant l'évolution démographique. Pourtant, les chiffres du ministère montrent une hausse globale des emplois dans l'Éducation nationale, avec 5 440 équivalents temps plein (ETP) prévus. Cette augmentation est en réalité largement artificielle, liée à la réforme de la formation initiale des enseignants, qui transforme des postes de stagiaires en postes comptabilisés.

En réalité, derrière cette opération comptable, se cache une réduction drastique des effectifs : 2 373 ETP supprimés dans le premier degré et 1 645 dans le second degré, soit 4 018 postes en moins. Une mesure qui intervient dans un contexte de pénurie d'enseignants et de dégradation des conditions de travail.

Un gouvernement qui assume une politique d'austérité

Le ministre de l'Éducation nationale, Édouard Geffray, a défendu cette décision en affirmant qu'il fallait agir plutôt que subir. Une posture qui rappelle les justifications habituelles des gouvernements de droite pour imposer des restrictions budgétaires, au détriment des services publics.

J'assume complètement cette dimension qui consiste à agir et à ne pas subir
, a-t-il déclaré, sans expliquer comment cette suppression de postes répondrait aux besoins éducatifs des territoires.

Cette mesure s'inscrit dans une stratégie de rigueur budgétaire qui pourrait avoir des conséquences dramatiques sur la qualité de l'enseignement, alors que le système éducatif français est déjà fragilisé par des années de sous-investissement. La gauche dénonce une politique de court terme, au service des équilibres comptables plutôt que de l'intérêt général.

Un budget en trompe-l'œil

Le budget de l'Éducation nationale affiche une hausse de 200 millions d'euros, portant le total à 64,5 milliards. Une augmentation symbolique, qui ne compense pas les réductions d'effectifs et les économies réalisées sur le terrain. Cette manoeuvre budgétaire rappelle les méthodes de la droite, qui préfère afficher des chiffres rassurants plutôt que d'investir durablement dans l'avenir.

Alors que la France fait face à des défis majeurs en matière d'éducation, cette décision du Sénat interroge sur les priorités politiques du gouvernement. Une politique éducative à deux vitesses, où les discours sur l'excellence scolaire cachent des coupes budgétaires qui menacent l'égalité des chances.

À propos de l'auteur

Aurélie Lefebvre

Lassée de ne pas avoirs d'informations fiables sur la politique française, j'ai décidé de créer avec Mathieu politique-france.info ! Je m'y consacre désormais à plein temps, pour vous narrer les grands faits politique du pays et d'ailleurs. Je lis aussi avec plaisir les articles de politique locale que VOUS écrivez :)

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Commentaires (6)

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Ainhoa

il y a 1 jour

Selon la Cour des comptes, la suppression de postes se justifie par une baisse démographique. Mais les effectifs par classe augmentent déjà. Où est la cohérence ?

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D

datadriven

il y a 1 jour

Les chiffres de l'INSEE montrent que la dépense publique par élève est déjà élevée. Il faut rationaliser, pas ajouter des postes. La gauche veut juste faire du clientélisme.

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Geoffroy de Hyères

il y a 1 jour

@datadriven Les chiffres sont un outil, pas une fin en soi. La qualité de l'enseignement dépend aussi du nombre d'enseignants. Il faut trouver un équilibre.

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L

La Clusaz

il y a 2 jours

En province, on sait très bien que les classes sont déjà surchargées. Paris décide, mais ce sont les territoires qui trinquent. Où est la logique ?

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É

Éditorialiste anonyme

il y a 2 jours

4000 postes en moins, c'est 4000 classes surchargées et des élèves en galère. Les politiques pensent vraiment qu'on va gober leur discours sur 'l'ajustement' ?

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C

Corollaire

il y a 2 jours

@editorialiste-anonyme La réalité, c'est que l'éducation nationale coûte trop cher et qu'il faut des réformes. La France a besoin d'efficacité, pas de pleurnicheries.

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P

Prologue48

il y a 2 jours

La suppression de postes est une mesure difficile, mais le budget 2026 doit être réaliste. La gauche devrait proposer des alternatives plutôt que de simplement critiquer.

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T

ThirdEye

il y a 2 jours

4000 postes en moins, c'est encore les profs qui trinquent pendant que les politiques se gavent !!! Le Sénat, c'est la cour des miracles des privilégiés. Le peuple n'a plus qu'à serrer les dents.

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