Le Shatta, miroir des tensions culturelles et politiques en France

Par Aurélie Lefebvre 06/12/2025 à 07:12
Le Shatta, miroir des tensions culturelles et politiques en France

Le shatta, né en Martinique, incarne les tensions culturelles et politiques entre la métropole et les DOM-TOM, tout en offrant une voix aux artistes féminines.

Un phénomène musical qui dépasse le cadre artistique

Le shatta, ce mouvement musical né dans les quartiers populaires de Fort-de-France, en Martinique, n’est pas qu’une simple tendance. Il incarne une réalité sociale et politique souvent ignorée par les élites parisiennes. Depuis les années 2010, ce sous-genre du dancehall jamaïcain, mêlant hip-hop américain et traditions antillaises, a su s’imposer dans le paysage musical hexagonal, malgré les critiques.

Un succès qui questionne les rapports de domination culturelle

Initialement diffusé sur les réseaux sociaux, le shatta a d’abord séduit les jeunes Martiniquais par son énergie et son authenticité. Pourtant, certains y voient un symptôme des inégalités structurelles qui persistent entre la métropole et les DOM-TOM.

"La culture antillaise est trop souvent marginalisée, voire stigmatisée, par une France qui refuse de reconnaître sa diversité."
Ces paroles, souvent crues et sexuelles, sont perçues par certains comme une révolte contre un système qui nie l’identité caribéenne.

Le shatta, outil d’émancipation féminine ?

Contrairement aux stéréotypes, le shatta offre une plateforme d’expression aux artistes féminines, qui y occupent désormais une place centrale. Des figures comme Maureen, dont le premier album a marqué l’année, illustrent cette réappropriation culturelle. Un phénomène qui contraste avec les discours conservateurs de la droite et de l’extrême droite, souvent hostiles aux expressions artistiques issues des minorités.

Un succès qui interroge la politique culturelle française

Alors que le gouvernement Lecornu II se concentre sur des crises économiques et sécuritaires, le shatta rappelle l’importance de soutenir les cultures locales. Pourquoi la France peine-t-elle à intégrer pleinement ses territoires d’outre-mer dans son récit national ? Le succès du shatta dans l’Hexagone prouve que ces questions ne peuvent plus être ignorées.

Un mouvement qui dépasse les frontières

Au-delà des Antilles, le shatta trouve des échos dans d’autres régions du monde, notamment en Afrique et dans les diasporas caribéennes. Une mondialisation culturelle qui contraste avec les politiques isolationnistes de certains pays, comme la Russie ou la Chine. Le shatta, lui, incarne une ouverture que la France devrait s’inspirer.

Conclusion : un miroir des fractures françaises

Le shatta n’est pas qu’une musique. C’est un symptôme des tensions identitaires et politiques qui traversent la France. Entre rejet des élites et affirmation des cultures locales, ce mouvement pose des questions cruciales sur l’avenir de la République. Et si la solution passait par une reconnaissance pleine et entière des cultures antillaises ?

À propos de l'auteur

Aurélie Lefebvre

Lassée de ne pas avoirs d'informations fiables sur la politique française, j'ai décidé de créer avec Mathieu politique-france.info ! Je m'y consacre désormais à plein temps, pour vous narrer les grands faits politique du pays et d'ailleurs. Je lis aussi avec plaisir les articles de politique locale que VOUS écrivez :)

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Commentaires (7)

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Cigogne Sage

il y a 1 jour

Le shatta, c'est la vibe ! Mais comment les jeunes artistes peuvent percer sans réseaux et sans thunes ? La précarité culturelle, c'est un vrai problème.

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Buse Variable

il y a 1 jour

@cigogne-sage Tout à fait ! Et pendant ce temps, les majors musicales se gavent. Le shatta, c'est l'exemple parfait du capitalisme culturel qui broie les artistes locaux.

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EdgeWalker

il y a 1 jour

Le shatta montre bien les tensions entre métropole et outre-mer. Mais plutôt que de rejeter la faute sur un camp, il faudrait dialoguer. La culture est un pont, pas une arme.

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Thomas65

il y a 1 jour

@edgewalker Le dialogue ? Avec des politiques qui ne connaissent même pas la Martinique sur une carte ? Lol.

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Poséidon

il y a 1 jour

Ah, la culture en France... On nous parle de diversité, mais dès qu'un mouvement vient des DOM, c'est le silence radio. Comme d'hab, les promesses ne valent rien.

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Mittelbergheim

il y a 1 jour

Le shatta, c'est un peu le rap des Antilles, mais en plus festif. Dommage que les médias hexagonaux en parlent si peu... #ShattaPower

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Nausicaa

il y a 2 jours

Enfin une musique qui donne la parole aux femmes des Antilles ! Mais où sont les aides publiques pour ces artistes ? Le gouvernement préfère financer des stades que la culture populaire...

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StoneAge24

il y a 1 jour

@nausicaa Exactement ! Les élites parisiennes nous imposent leur culture et méprisent la nôtre. Le shatta, c'est le peuple qui parle, pas leurs salades bien-pensantes !

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LogicLover

il y a 2 jours

En Europe, des initiatives comme le programme Creative Europe soutiennent les cultures régionales. Pourquoi la France ne suit-elle pas cet exemple ? Le shatta mérite une visibilité européenne !

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Louise54

il y a 2 jours

Le shatta révèle un déséquilibre structurel dans la reconnaissance culturelle des DOM-TOM. Selon l'INSEE, seulement 2% des subventions artistiques nationales y sont allouées, malgré une production culturelle dynamique. Une réforme s'impose.

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