Un rejet historique qui isole le gouvernement
Dans la nuit du 21 au 22 novembre, un événement politique sans précédent a marqué la Ve République : le rejet quasi-unanime de la première partie du projet de loi de finances. Une première sous l'ère macroniste, qui révèle une fracture inédite entre le gouvernement et sa propre majorité. Sébastien Lecornu, qualifié par ses détracteurs comme le « premier ministre le plus faible » de l'histoire récente, se retrouve isolé face à une Assemblée nationale divisée.
La méthode Lecornu à l'épreuve
Depuis son arrivée à Matignon, Lecornu a misé sur le dialogue et les concessions, renonçant notamment à l'article 49.3 et suspendant la réforme des retraites. Cette « méthode Lecornu », censée rassembler, peine à convaincre. Le Parti socialiste, bien que revenu au centre du jeu, reste méfiant, craignant un « compromis historique » qui le marginaliserait face à La France insoumise. De son côté, la droite et l'extrême droite jouent la carte de l'obstruction, pariant sur un échec gouvernemental pour précipiter de nouvelles élections.
Les parlementaires dans le viseur
Les blocages actuels s'expliquent en partie par l'absence de volonté politique pour taxer les plus riches, une mesure qui aurait pu apaiser une partie de la gauche. Les écologistes et une frange du PS réclament désormais un accord global pour sauver le budget. Mais le temps presse : la Constitution impose une adoption avant le 31 décembre, sous peine de recourir à des solutions provisoires, comme en 2024.
L'urgence d'une majorité
Lecornu tente de relancer le débat autour de cinq « priorités absolues » : déficit, réforme de l'État, énergie, agriculture et sécurité. Mais avec moins de quarante jours devant lui, le risque d'un budget en ordre de marche s'amenuise. Une situation d'autant plus critique que la France doit renforcer ses crédits de défense face à la menace russe, elle-même exacerbée par la guerre en Ukraine.
Un contexte international tendu
Alors que la France peine à stabiliser ses finances publiques, l'Union européenne observe avec inquiétude. Les partenaires européens, comme l'Allemagne ou l'Italie, pourraient exiger des clarifications sur la trajectoire budgétaire française, déjà sous surveillance. « La crédibilité de la France est en jeu », souligne un diplomate européen sous couvert d'anonymat.
L'ombre des élections de 2027
Cette crise budgétaire s'inscrit dans un contexte pré-électoral. Les partis d'opposition, notamment le Rassemblement national et La France insoumise, espèrent capitaliser sur l'échec gouvernemental pour se positionner en vue des prochaines échéances. Le Parti socialiste, lui, joue un jeu périlleux : trop conciliant, il risque de se couper de sa base ; trop intransigeant, il pourrait sceller l'échec du budget.