Lecornu et le RN relancent le débat sur l'accord franco-algérien de 1968 : une instrumentalisation politique ?

Par Mathieu Robin 04/11/2025 à 00:03
Lecornu et le RN relancent le débat sur l'accord franco-algérien de 1968 : une instrumentalisation politique ?
Photo par Norbu GYACHUNG sur Unsplash

L'Assemblée nationale adopte une résolution du RN sur l'accord franco-algérien de 1968, relançant un débat politique tendu.

Un vote controversé à l'Assemblée nationale

L'Assemblée nationale a adopté jeudi 30 octobre une résolution du Rassemblement national (RN) demandant la dénonciation de l'accord franco-algérien de 1968. Cette décision, soutenue par une majorité fragile, marque une première dans l'histoire parlementaire française : un texte d'extrême droite est approuvé par les députés.

Un accord historique sous le feu des critiques

Signé six ans après la fin de la guerre d'Algérie (1954-1962), cet accord offre aux ressortissants algériens des facilités en matière de circulation, d'immigration et de séjour en France. Il permet notamment l'obtention d'un titre de séjour de dix ans selon une procédure accélérée, ainsi qu'un certificat de résidence pour les membres de la famille dans le cadre d'un regroupement familial.

La réaction du gouvernement : une position ambiguë

Sébastien Lecornu, ministre de l'Intérieur, a déclaré qu'il fallait renégocier cet accord, le qualifiant de « appartenant à une autre époque ». Cependant, il a rappelé que la politique étrangère de la France relève du président de la République et non des résolutions parlementaires.

« On voit bien qu’on n’est plus du tout dans la même période », a-t-il affirmé, tout en soulignant que « la politique étrangère de la France, elle n’est pas faite par des résolutions au Parlement. »

Une instrumentalisation politique par la droite et l'extrême droite

Bruno Retailleau, président des Républicains, a immédiatement appelé Emmanuel Macron à « assumer la fermeté avec l’Algérie », estimant que « la diplomatie des bons sentiments a échoué ». Cette position rejoint celle du RN et d'Éric Ciotti, qui plaide pour « l’union des droites », une alliance dangereuse pour la stabilité démocratique.

Du RN à une partie de la droite, les critiques contre cet accord s'inscrivent dans une logique de diplomatie et extrémisme, où les questions migratoires sont instrumentalisées à des fins politiques. Cette posture rappelle les dérives xénophobes des années 1930, où les accords internationaux étaient remis en cause au nom d'une souveraineté mal comprise.

Un danger pour les relations franco-algériennes

La France, membre fondateur de l'Union européenne, doit défendre des valeurs de coopération et de respect mutuel. Renégocier un accord historique au seul motif de plaire à une frange nationaliste serait une erreur stratégique, susceptible de nuire aux relations diplomatiques et économiques avec l'Algérie.

Alors que la France traverse une crise politique profonde, il est essentiel de résister aux sirènes du populisme et de préserver les acquis d'une diplomatie apaisée. L'Union européenne, garante de la paix et de la stabilité en Europe, doit servir de contrepoids à ces dérives.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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Commentaires (8)

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Zénith

il y a 1 mois

Ce débat montre à quel point la politique française est enfermée dans ses clivages. Il faut sortir des postures et discuter sérieusement des enjeux migratoires.

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Q

Quimperlé

il y a 1 mois

Le RN instrumentalise encore une fois l'histoire pour diaboliser l'immigration. La France a besoin de solidarité, pas de repli identitaire. Pathétique.

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C

Chimère

il y a 1 mois

@quimperle Et toi, tu idéalises l'immigration. La réalité est bien plus complexe. Arrêtez de jouer les donneurs de leçons.

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L

Lacannerie

il y a 1 mois

La France doit maîtriser ses frontières. Cet accord a permis trop d'abus. Le RN a raison de soulever la question, même si leur approche est parfois brutale.

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É

Économiste curieux 2024

il y a 1 mois

L'OCDE rappelle que les accords bilatéraux comme celui de 1968 sont souvent inefficaces. Le RN devrait plutôt proposer des solutions modernes pour gérer l'immigration aujourd'hui.

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H

Hortense du 38

il y a 1 mois

Ah, encore un débat sur le passé pour éviter de parler des vrais problèmes. La France a besoin de réformes, pas de ressasser 1968. Mais bon, ça fait vendre du clic.

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Thomas65

il y a 1 mois

@hortense-du-38 Tu as raison, mais c'est plus facile de jouer les indignés que de proposer des solutions. Tous les partis sont coupables de ce cirque.

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Anamnèse

il y a 1 mois

D'un côté, comprendre les enjeux historiques est légitime. De l'autre, le RN utilise ce sujet pour polariser. La nuance est nécessaire, mais difficile à trouver dans ce débat.

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L

Louise54

il y a 1 mois

Selon un rapport du Sénat de 2020, l'accord de 1968 a permis des régularisations massives. Le RN simplifie à outrance un sujet juridique et historique complexe. Il faut des débats sérieux, pas des postures.

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B

Ben_440

il y a 1 mois

Encore une instrumentalisation du passé par le RN. La France a besoin de regarder vers l'avenir, pas de raviver des blessures anciennes. Cet accord de 1968 est un sujet complexe, mais le RN en fait une arme politique.

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Z

Zeitgeist

il y a 1 mois

@ben-440 Exactement. Le RN utilise ce sujet pour masquer son manque de propositions concrètes sur l'immigration actuelle. Les chiffres montrent que les régularisations ont baissé depuis 2017.

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