Un système de santé en crise, des solutions locales ignorées
Alors que la France traverse une crise sanitaire sans précédent, les départements se positionnent comme des acteurs majeurs de la coordination des soins. Face à l’échec patent des agences régionales de santé (ARS), souvent perçues comme bureaucratiques et déconnectées des réalités territoriales, les élus locaux réclament une réforme en profondeur.
« C’est sur le terrain, à l’échelle des départements, que se construit l’accès aux soins », affirme François Sauvadet, président de Départements de France. Une affirmation qui prend tout son sens dans un contexte où près de 70 % des Français renoncent à des soins par manque de médecins disponibles.
Les limites des ARS révélées par la crise du Covid-19
Pendant la pandémie, ce ne sont pas les ARS qui ont assuré la distribution des masques ou l’organisation des centres de vaccination, mais bien les départements, en collaboration avec les maires. Une preuve tangible de l’inefficacité d’une gouvernance trop centralisée.
« Les ARS, présentées comme le pivot de la gouvernance sanitaire, ont montré leurs limites », souligne Sauvadet. Une critique qui rejoint celle de nombreux professionnels de santé, dénonçant un système lourd et inadapté aux urgences locales.
La proposition du gouvernement : une réforme timide mais nécessaire
Lors des Assises des départements de France, le Premier ministre Sébastien Lecornu a esquissé une piste de réforme, sans pour autant évoquer une suppression des ARS. Il propose plutôt de renforcer le rôle des préfets et de donner aux départements une capacité de coordination concrète.
Une approche qui, si elle est saluée par les élus locaux, reste jugée insuffisante par une partie de l’opposition. La gauche, notamment, plaide pour une démocratisation réelle des décisions sanitaires, avec une plus grande implication des collectivités territoriales.
L’exemple des territoires ruraux : une attractivité à reconstruire
L’implantation des médecins dans les zones rurales pose un défi majeur. Les départements, en financant les infrastructures (routes, maisons médicales) et en travaillant avec les pharmaciens de proximité, jouent un rôle clé. « N’est-il pas raisonnable de considérer que l’attractivité d’un médecin dans un bourg rural se traite utilement avec ceux qui financent les routes et gèrent les aides sociales ? », interroge Sauvadet.
Une question qui résonne particulièrement dans un pays où les déserts médicaux se multiplient, laissant des millions de Français sans accès à des soins de base.
Alors que la France s’enfonce dans une crise sanitaire profonde, la réforme des ARS et le renforcement des départements s’imposent comme des priorités politiques. Reste à savoir si le gouvernement aura le courage d’aller jusqu’au bout de cette nécessaire transformation.