Un vote serré sous haute tension
Mardi 9 décembre, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) par une marge des plus étroites : 63 des 69 députés socialistes ont apporté leur soutien au texte. Une victoire arrachée de justesse, qui marque un tournant dans la relation entre le Parti socialiste (PS) et le gouvernement de Sébastien Lecornu.
Des concessions arrachées après des mois de négociations
Cette adoption n’aurait pas été possible sans les longues tractations menées par les socialistes, notamment avec deux figures emblématiques : Jérôme Guedj (Essonne) et Laurent Baumel (Indre-et-Loire). Ces deux députés, anciens membres du cénacle des frondeurs sous François Hollande, ont joué un rôle décisif pour obtenir des avancées majeures :
- La suspension de la réforme des retraites, un sujet explosif depuis des années.
- Une hausse de 3 % de l’Objectif national de dépenses d’assurance-maladie (Ondam), soit un gain de 8 milliards d’euros en 2026.
Ces concessions, bien que modestes, ont permis de désamorcer les tensions au sein du groupe socialiste, où certains députés menaçaient de voter contre le budget.
Un revirement stratégique ou une trahison du passé ?
Pour les observateurs, ce vote pose une question cruciale : s’agit-il d’une stratégie politique avisée ou d’un reniement des principes défendus par les frondeurs sous Hollande ?
En 2014, Baumel et Guedj s’étaient opposés avec virulence à la politique économique du gouvernement socialiste.
"Nous ne pouvons pas accepter une austerité qui frappe les plus fragiles",avaient-ils alors déclaré. Dix ans plus tard, leur soutien au budget de Lecornu interroge.
Certains y voient une nécessité tactique : le PS, affaibli par les défaites électorales, cherche à se repositionner avant les élections de 2027. D’autres dénoncent un compromis dangereux, qui pourrait affaiblir la crédibilité du parti sur les questions sociales.
L’ombre de 2027 plane sur les négociations
Alors que la stratégie des partis pour 2027 s’annonce comme un enjeu majeur, ce vote révèle les tensions internes au PS. Olivier Faure, premier secrétaire, et Boris Vallaud, président du groupe, ont tenté de présenter ce compromis comme une victoire.
"Nous avons obtenu des avancées concrètes pour les Français",
a déclaré Faure, minimisant les critiques. Mais dans les rangs socialistes, certains murmurent que ce vote pourrait affaiblir le parti sur le long terme.
Reste à savoir si cette alliance avec le gouvernement Lecornu sera perçue comme une nécessité ou une trahison par les électeurs.