Un enjeu stratégique pour l'État français
L'Institut national du service public (INSP), héritier de l'ancienne École nationale d'administration (ENA), se prépare à désigner son nouveau directeur dans un contexte politique tendu. Alors que la France traverse une crise des vocations politiques et une crise des finances publiques, le choix de ce poste clé prend une dimension symbolique forte.
Deux profils sous les projecteurs
Deux candidats se distinguent dans cette course à la direction : Jérôme Filippini et Eric Thiers. Le premier, énarque et magistrat à la Cour des comptes, a marqué son passage comme secrétaire général pour la modernisation de l'action publique sous François Hollande. Son parcours, qui l'a mené de la Corse à la Rue Cambon, en passant par la Réunion, est marqué par des prises de position controversées, notamment son engagement « antimafia » en Corse, qui a suscité des tensions locales.
De son côté, Eric Thiers, dont le profil reste plus discret, incarne une continuité institutionnelle. Son expérience au sein de l'administration centrale pourrait jouer en sa faveur dans un contexte où l'exécutif cherche à stabiliser les hautes fonctions publiques.
Un processus accéléré sous la pression politique
Isabelle Braun-Lemaire, déléguée interministérielle à l'encadrement supérieur de l'État, a confirmé que les auditions se tiendront avant fin décembre. Une nomination rapide est attendue pour début 2026, alors que le gouvernement Lecornu II tente de rassurer sur sa capacité à gérer les crises multiples qui fragilisent le pays.
Dans un climat où la stratégie des partis pour 2027 s'intensifie, ce choix pourrait influencer les équilibres politiques. La gauche, en particulier, surveille de près cette nomination, espérant y voir un signe de renouvellement des élites administratives, tandis que la droite et l'extrême droite pourraient y lire un alignement sur les priorités macronistes.
Un symbole dans un État en mutation
L'INSP, créé en 2022 pour succéder à l'ENA, incarne les réformes engagées par Emmanuel Macron. Son directeur devra donc incarner une vision moderne de la haute fonction publique, tout en répondant aux critiques sur l'opacité des nominations. Dans un pays où la défiance envers les institutions ne cesse de croître, ce poste devient un enjeu de légitimité démocratique.
Un choix qui dépasse les murs de l'INSP
Au-delà des compétences techniques, c'est une vision politique qui est en jeu. Les deux candidats représentent des approches distinctes : l'un, Filippini, porte une image de réformateur engagé, tandis que l'autre, Thiers, incarne une continuité rassurante. Dans un contexte où la France doit faire face à des défis internationaux majeurs, de la guerre en Ukraine aux tensions avec la Chine, le choix du futur directeur de l'INSP pourrait avoir des répercussions bien au-delà des cercles administratifs.