Logement abordable : un statut fiscal controversé adopté à l'Assemblée, malgré les critiques de la gauche

Par Aurélie Lefebvre 15/11/2025 à 04:09
Logement abordable : un statut fiscal controversé adopté à l'Assemblée, malgré les critiques de la gauche

L'Assemblée adopte un statut fiscal pour encourager les particuliers à louer abordable, malgré les critiques de la gauche sur les bénéfices pour les plus aisés.

Un compromis fragile pour relancer le logement social

L'Assemblée nationale a adopté, vendredi 14 novembre, un nouveau statut fiscal destiné à inciter les particuliers à investir dans le logement locatif abordable. Cette mesure, fruit d'un compromis entre la gauche, le centre et la droite, a été votée par 158 voix contre 49, dans un contexte de crise du logement persistante.

Un dispositif fiscal différencié selon les types de logements

Le texte prévoit un amortissement fiscal progressif : 3,5 % pour un logement neuf à loyer intermédiaire, 4,5 % pour un logement social et 5,5 % pour un logement très social. Ces taux atteignent respectivement 3 %, 4 % et 5 % pour l'ancien rénové, avec une limite de 80 % de la valeur du bien et un plafond de 8 000 euros par an pour deux logements maximum.

Les loyers devront respecter les plafonds des logements conventionnés, et la location à des membres de la famille sera exclue. Un coup de pouce à l'investissement privé pour générer du logement durable et abordable, a souligné le député socialiste Iñaki Echaniz, tout en rappelant l'engagement du gouvernement à réduire les prélèvements sur les bailleurs sociaux.

La gauche critique une mesure insuffisante

Les écologistes, communistes et La France insoumise (LFI) ont voté contre, dénonçant une défiscalisation profitant aux plus aisés. Une défiscalisation qui va encore bénéficier aux plus aisés, aux propriétaires, a déclaré la députée LFI Claire Lejeune.

La ministre chargée des comptes publics, Amélie de Montchalin, s'est engagée à réduire les prélèvements sur les bailleurs sociaux, sans confirmer le montant de 900 millions d'euros réclamé par les écologistes, face aux 1,4 milliard prévus en 2026.

Un engagement gouvernemental sous conditions

Dans une Assemblée sans majorité absolue, le député Horizons François Jolivet a appelé à entendre les demandes de la gauche. Cependant, la ministre a invoqué la nécessité de préserver l'équilibre budgétaire, un argument qui n'a pas convaincu les opposants.

Les écologistes se réservent la possibilité de changer de position en seconde lecture, en cas d'évolution du gouvernement. Une perspective qui laisse planer le doute sur la pérennité de ce compromis.

La crise du logement, un enjeu majeur pour 2027

Alors que la stratégie des partis pour 2027 se précise, cette réforme s'inscrit dans un contexte de tensions croissantes sur les finances publiques. Les bailleurs sociaux, soumis depuis 2018 à la réduction de loyer de solidarité (RLS), dénoncent un manque de compensation de l'État, limitant leurs capacités à construire ou rénover.

Cette mesure, bien que saluée par certains, illustre les difficultés à concilier incitations fiscales et justice sociale dans un pays où la crise du logement s'aggrave.

À propos de l'auteur

Aurélie Lefebvre

Lassée de ne pas avoirs d'informations fiables sur la politique française, j'ai décidé de créer avec Mathieu politique-france.info ! Je m'y consacre désormais à plein temps, pour vous narrer les grands faits politique du pays et d'ailleurs. Je lis aussi avec plaisir les articles de politique locale que VOUS écrivez :)

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Commentaires (10)

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G

GrayMatter

il y a 1 mois

En Outre-mer, c'est encore pire. Les logements sociaux sont rares et les loyers explosent. Paris devrait regarder ce qui se passe en province avant de faire des lois à la va-vite.

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Robert T.

il y a 1 mois

@graymatter Tout à fait ! La décentralisation du logement social est une urgence. Mais avec des moyens, pas juste des discours.

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max-490

il y a 1 mois

Moi je dis : tant qu'on ne construit pas assez, les mesures fiscales ça sert à rien. Les promoteurs et les maires bloquent tout, et après on s'étonne...

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P

Prophète lucide

il y a 1 mois

Ah, encore une loi qui va profiter à ceux qui ont déjà tout. Le reste ? Qu'ils se débrouillent... ou qu'ils crèvent. C'est ça, la France des 'opportunités'.

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B

Buse Variable

il y a 1 mois

Typique : une mesure pour les riches déguisée en solution sociale. Pendant ce temps, les locataires galèrent avec des loyers exorbitants. La gauche a raison de s'indigner !

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ironiste-patente

il y a 1 mois

@buse-variable Les données montrent que les propriétaires modestes bénéficient aussi de ce type de dispositifs. La Cour des comptes a d'ailleurs souligné leur efficacité relative.

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FreeThinker

il y a 1 mois

Selon l'INSEE, 30% des logements vacants appartiennent à des investisseurs. Ce statut pourrait effectivement augmenter l'offre, mais il faut surveiller les effets pervers sur les prix.

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Z

Zénith

il y a 1 mois

@freethinker Exact, mais il faut aussi reconnaître que les aides à la pierre ont montré leurs limites. Peut-être qu'un mix des deux approches serait plus efficace.

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Reminiscence

il y a 1 mois

Enfin une mesure qui encourage l'investissement privé ! La gauche préfère toujours taxer au lieu de stimuler l'offre. Le logement abordable passe par l'incitation, pas par la contrainte.

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K

Kerlouan

il y a 1 mois

Un statut fiscal pour les loueurs ? Super idée sur le papier, mais ça va encore avantager les propriétaires déjà aisés. Les jeunes en galère de logement, ils vont en profiter comment ?

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