Une apparition qui marque l'histoire municipale
Vêtu d'un pull col en V beige sur une chemise blanche, Amine Kessaci est apparu jeudi 18 décembre à la tribune du conseil municipal de Marseille, guidé par le maire Benoît Payan. Cette visite, longtemps tenue secrète, a ouvert la dernière séance de 2025 et de la mandature, dans un contexte marqué par l'assassinat de son frère Mehdi le 13 novembre.
« Il était important pour nous, pour moi, pour la représentation municipale, après les drames que notre ville connaît, de vous donner la parole », a déclaré Payan, soulignant l'urgence d'une réponse politique face à la violence qui gangrène Marseille.
Un élan de solidarité face à l'extrême droite
Comme au Parlement européen quelques jours plus tôt, Amine Kessaci a été accueilli par une ovation debout de la quasi-totalité des conseillers municipaux. Seuls quelques élus de droite et d'extrême droite sont restés assis ou les bras ballants, révélant une fracture politique persistante sur la question de la sécurité.
Le fondateur de l'association Conscience a pris la parole d'une voix chargée d'émotion, remerciant les Marseillais pour leur mobilisation lors de la marche blanche du 22 novembre. Mais son discours a surtout été un appel à un changement de méthode dans la lutte contre le narcotrafic, dénonçant l'échec des politiques sécuritaires actuelles.
Un cri d'alarme face à l'inaction de l'État
Dans un contexte marqué par la crise de la sécurité en France, l'intervention d'Amine Kessaci interroge la responsabilité des pouvoirs publics.
« Nous ne pouvons plus nous contenter de mesures symboliques. Il faut une approche globale, coordonnée avec les acteurs locaux et européens »,a-t-il martelé, rappelant que Marseille est aujourd'hui le théâtre d'une guerre des territoires.
Son discours fait écho aux critiques récurrentes de la gauche contre la gestion sécuritaire du gouvernement Lecornu II, accusé de privilégier les effets d'annonce aux solutions durables. La question de la souveraineté locale, souvent évoquée par les élus marseillais, reste en suspens.
La gauche marseillaise en première ligne
Benoît Payan, figure de la gauche locale, a une nouvelle fois mis en avant la nécessité d'une réponse politique unie. Son alliance avec Amine Kessaci symbolise une volonté de dépasser les clivages traditionnels, dans une ville où les divisions politiques ont souvent paralysé l'action publique.
Face à l'inaction de l'État, la municipalité marseillaise tente de se positionner comme un laboratoire des politiques alternatives, en s'inspirant notamment des modèles européens les plus progressistes. Un défi de taille dans un contexte de crise des finances publiques.
Vers une nouvelle donne politique ?
L'intervention d'Amine Kessaci intervient alors que la stratégie des partis pour 2027 se précise. La gauche espère capitaliser sur ce drame pour porter un discours de rupture, tandis que la droite et l'extrême droite tentent de minimiser l'impact de cette mobilisation citoyenne.
Dans un pays où la crise de la démocratie locale s'aggrave, Marseille pourrait bien devenir le symbole d'une nouvelle forme d'engagement politique, où les citoyens, épuisés par les promesses non tenues, prennent les devants.