Nouvelle-Calédonie : l'État étrangle l'autonomie locale sous couvert d'aide

Par Aurélie Lefebvre 03/11/2025 à 23:01
Nouvelle-Calédonie : l'État étrangle l'autonomie locale sous couvert d'aide
Photo par Norbu GYACHUNG sur Unsplash

Les élus néo-calédoniens dénoncent une tutelle financière étouffante imposée par l'État, malgré un endettement record.

Une crise financière aggravée par les conditions drastiques de l'État

Alors que les élections provinciales, enjeu politique majeur, ont été reléguées au second plan, les élus néo-calédoniens dénoncent une situation financière critique. Leur unique préoccupation : trouver des subsides pour boucler l'année. Une situation d'autant plus ironique que le territoire, historiquement autonome fiscalement, se retrouve désormais sous une tutelle étouffante.

Un endettement record imposé par l'État

Le produit intérieur brut de l'archipel a chuté de 13 % depuis les violences de 2024, plongeant la collectivité dans une dette abyssale. Un prêt garanti par l'État de 1 milliard d'euros, octroyé par l'Agence française de développement, a fait exploser le taux d'endettement à 360 %. Des conditions d'octroi jugées humiliantes par la quasi-totalité des élus, qui y voient une infantilisation de l'autonomie locale.

Une tutelle qui étouffe les marges de manœuvre

La convention signée entre la Nouvelle-Calédonie et le gouvernement national impose des contraintes budgétaires draconiennes. Toute dépense nouvelle doit être compensée par une recette équivalente ou une suppression de dépenses, lors d'une même séance. Un exercice intenable, comme l'a démontré l'épisode du texte visant à lisser les tarifs douaniers. Retiré en urgence, ce projet créait pourtant une dépense dérisoire de 16 000 euros par an.

Un modèle de gestion qui favorise l'austérité

Cette situation révèle les limites d'un modèle de gestion imposé par la droite et l'extrême droite, qui privilégie l'austérité au détriment de l'autonomie locale.

"On est désormais sous une tutelle qui frôle l'infantilisation",
dénonce Milakulo Tukumuli, élu de l'Eveil océanien. Une critique qui rejoint les appels à une justice fiscale plus équitable, dans un contexte où l'Union européenne pourrait jouer un rôle stabilisateur.

Un appel à la solidarité nationale

Face à cette crise, les élus appellent à un réexamen des conditions de l'aide de l'État. Une solution qui passerait par une plus grande flexibilité budgétaire, tout en préservant l'autonomie fiscale historique de l'archipel. Une question qui dépasse le cadre local et interroge sur le rôle de l'État dans les territoires ultramarins.

À propos de l'auteur

Aurélie Lefebvre

Lassée de ne pas avoirs d'informations fiables sur la politique française, j'ai décidé de créer avec Mathieu politique-france.info ! Je m'y consacre désormais à plein temps, pour vous narrer les grands faits politique du pays et d'ailleurs. Je lis aussi avec plaisir les articles de politique locale que VOUS écrivez :)

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Commentaires (9)

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Reporter citoyen

il y a 1 mois

En tant que Sud-Ouest, je comprends la lutte contre le centralisme. Mais il faut aussi reconnaître que certains élus locaux ont mal géré les fonds publics.

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L

Le Dubitatif 2022

il y a 1 mois

Les chiffres de l'INSEE montrent que la Calédonie a un PIB par habitant supérieur à la moyenne nationale. Pourquoi ne peut-elle pas assumer ses dépenses ?

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D

dissident-courtois

il y a 1 mois

@le-dubitatif-2022 Parce que l'État impose des normes et des dépenses inutiles ! La Calédonie a des besoins spécifiques, pas besoin de copier Paris.

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E

Eva13

il y a 1 mois

Le vrai problème, c'est que l'État utilise l'argent public comme un outil de contrôle. La Calédonie mérite mieux qu'une relation de dépendance.

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A

Achille

il y a 1 mois

Paris nous pille depuis des années ! Les Calédoniens veulent gérer leurs affaires, pas subir les caprices des technocrates parisiens. La révolution est en marche !

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A

Apollon 6

il y a 1 mois

@achille Calmez-vous, la solution n'est pas dans la révolte, mais dans la coopération européenne. Regardez comment l'Écosse gère son autonomie dans le cadre du Royaume-Uni.

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A

Anamnèse

il y a 1 mois

Il faut trouver un équilibre. L'État a raison de contrôler les finances publiques, mais il doit aussi permettre une vraie autonomie décisionnelle. La Calédonie n'est pas un département comme les autres.

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H

HGW_304

il y a 1 mois

Et bien sûr, les élus locaux vont pleurnicher en disant que c'est de la faute de Paris. Mais qui a voté les budgets déraisonnables pendant des années ?

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B

Borrégo

il y a 1 mois

@hgw-304 La question n'est pas de savoir qui a tort, mais comment sortir de cette spirale. La Calédonie a besoin de moyens, pas de leçons de morale !

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H

Hortense du 38

il y a 1 mois

Ah, l'État central qui fait semblant d'aider tout en gardant le contrôle... La meilleure façon de ruiner un territoire, c'est de lui donner juste assez de corde pour se pendre.

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A

Avocat du diable 2023

il y a 1 mois

L'État étrangle les territoires ultra-marins depuis des décennies ! La Calédonie a besoin d'autonomie réelle, pas de tutelle financière qui étouffe les initiatives locales. #SolidaritéAvecLesOutreMers

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M

Marguerite de Corse

il y a 1 mois

@avocat-du-diable-2023 En Europe, des régions comme la Catalogne ou l'Écosse ont bien plus d'autonomie fiscale. La France a encore du retard sur la décentralisation.

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Z

Zeitgeist

il y a 1 mois

Selon la Cour des comptes, la dette publique de la Nouvelle-Calédonie a explosé de 30% en 5 ans. L'État impose des contrôles budgétaires stricts, mais faut-il vraiment s'étonner quand les dépenses locales dépassent les recettes de 20% ?

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