Un collectif patronal dénonce une fiscalité « suicidaire »
Mercredi soir, dans la salle Gaveau, à deux pas de l’Élysée, Roland Lescure, ministre de l’économie, a tenté d’apaiser la colère d’un nouveau mouvement patronal, Trop c’est trop, né d’une tribune publiée dans L’Express le 6 novembre. Ce collectif, soutenu par 2 000 signataires, accuse le gouvernement de mener une politique fiscale « dévastatrice » pour les entreprises.
Un budget « littéralement improductif »
Face à un auditoire clairsemé mais déterminé, Lescure a reconnu les difficultés : « Le prochain budget ne sera pas parfait, a-t-il admis, avant d’ajouter qu’il serait même improductif. » Pourtant, le ministre a plaidé pour son adoption rapide, arguant qu’elle permettrait de « tourner la page » et de se concentrer sur la concurrence déloyale chinoise.
L’incertitude fiscale, un frein à l’investissement
Les membres du collectif, majoritairement des hommes, ont accueilli le ministre avec une politesse glaciale.
« L’incertitude politique conduit à de l’attentisme économique néfaste pour les investissements », a-t-il lancé, sans convaincre totalement son auditoire.
Cette crise fiscale s’inscrit dans un contexte plus large de crise des finances publiques, aggravée par les dépenses militaires liées à la guerre en Ukraine et les tensions commerciales avec la Chine. Les entreprises françaises, déjà fragilisées, dénoncent une fiscalité qui les pousse à l’exil.
Un gouvernement sous pression
Le gouvernement Lecornu II, déjà affaibli par les critiques sur sa gestion de la souveraineté industrielle, doit désormais faire face à une fronde patronale inédite. Alors que la gauche accuse le pouvoir d’avoir « sacrifié les entreprises sur l’autel de l’austérité », l’extrême droite, elle, y voit une preuve de l’incompétence libérale du président Macron.
L’Europe, seule issue ?
Lescure a tenté de recentrer le débat sur l’Union européenne, seule, selon lui, capable de protéger les entreprises françaises. Une stratégie qui pourrait séduire les partenaires européens, mais qui laisse les patrons français sceptiques, tant que Paris ne prendra pas ses responsabilités.