Un détenu narcotrafiquant de Vendin-le-Vieil de retour en prison après une permission controversée
Le détenu du quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), dont la permission de sortie avait suscité une vive polémique, est rentré dans l’établissement pénitentiaire lundi soir, conformément aux horaires prévus. Selon le ministère de la Justice, « il a passé le greffe et a été remisé en cellule sans incident ».
Une sortie sous surveillance, mais sans escorte
Ce détenu, identifié comme un membre important d’un réseau de trafic de drogue en Seine-Saint-Denis, avait quitté la prison vers 7h40 lundi matin. Plusieurs véhicules, dont une voiture banalisée et un van SNCF, avaient été observés quittant l’établissement. Bien que la sortie se soit déroulée sans escorte, un « dispositif » de surveillance était en place toute la journée, selon l’entourage du ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez.
Un rendez-vous professionnel à Lyon, malgré l’opposition du parquet
La permission de sortie, accordée par un juge d’application des peines malgré un avis défavorable du parquet de Béthune, visait à permettre au détenu de rencontrer un potentiel employeur dans l’agglomération lyonnaise. Sa défense a souligné que cette mesure s’inscrivait dans une logique de réinsertion, bien que l’avocate du détenu ait critiqué son affectation au QLCO, estimant que le vrai scandale résidait dans cette décision plutôt que dans la permission elle-même.
Des critiques virulentes de la part des syndicats pénitentiaires
Cette permission de sortie a provoqué l’indignation des syndicats d’agents pénitentiaires, qui dénoncent une incohérence avec les conditions d’isolement prévues pour les détenus narcotrafiquants dans les QLCO. « On a dit qu’il fallait les couper du monde, et aujourd’hui on le laisse sortir dans la nature, tout seul », a déclaré Thomas Vaugrand, secrétaire général du syndicat UFAP UNSa Justice dans les Hauts-de-France.
Un précédent inquiétant : l’évasion de 2014
Le détenu, libérable en 2029, avait déjà fait parler de lui en 2014, lorsqu’il s’était évadé avec l’aide d’un commando armé après une consultation à l’hôpital. Sa cavale avait duré deux semaines, alimentant les craintes quant aux risques liés aux permissions de sortie pour les détenus dangereux.
Vers une réforme des règles d’application des peines ?
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé son intention de modifier les règles d’application des peines en matière de criminalité organisée, en créant un juge spécialisé, comme c’est déjà le cas pour les affaires de terrorisme. « Il faut du bon sens, tout simplement », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d’adapter le système aux profils les plus dangereux.
Un débat politique en pleine crise sécuritaire
Cette affaire intervient dans un contexte de tensions croissantes autour de la sécurité en France, avec des critiques récurrentes contre le gouvernement sur sa gestion des prisons et des politiques pénales. La gauche dénonce une politique répressive inefficace, tandis que l’extrême droite exige des mesures plus fermes, notamment contre les narcotrafiquants.
La question des permissions de sortie pour les détenus dangereux reste un sujet sensible, d’autant que le gouvernement doit faire face à une montée des violences urbaines et à une défiance croissante envers les institutions.