Un détenu dangereux en liberté conditionnelle : la polémique enfle
Un détenu du quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) a quitté l’établissement lundi 24 novembre pour une permission de sortie « employeur », suscitant une vive indignation. Plusieurs véhicules, dont une voiture banalisée et un van SNCF, ont été observés quittant les lieux, avant que le calme ne revienne.
Une décision judiciaire contestée
« Il est parti », a confirmé David Lacroix, délégué FO-Pénitentiaire à Vendin-le-Vieil. Bien que cette sortie se fasse sans escorte, un « dispositif » de surveillance a été mis en place toute la journée, selon l’entourage du ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez.
« Il n’est pas surveillé, il n’est pas escorté. Il y a quelqu’un de son entourage qui est venu le chercher et (…) conformément à la décision judiciaire, il va d’un point A à un point B pour préparer sa réinsertion. »
Ces propos de Me Marie Violleau, avocate du détenu, soulignent l’absurdité d’une telle mesure pour un profil aussi dangereux. Le détenu, libérable en 2029, doit rencontrer un potentiel employeur dans l’agglomération lyonnaise, avant de regagner sa cellule.
Un passé criminel lourd et une évasion spectaculaire
Selon une source syndicale, il s’agirait de Ouaihid Ben Faïza, 52 ans, figure majeure d’un vaste réseau de trafic de drogue en Seine-Saint-Denis. En 2014, ce dernier s’était déjà illustré par une évasion spectaculaire, aidé par un commando armé lors d’une consultation à l’hôpital. Sa cavale avait duré deux semaines.
La colère des syndicats pénitentiaires
Cette permission de sortie, accordée malgré l’avis défavorable du parquet de Béthune, a provoqué l’indignation des syndicats. Thomas Vaugrand, secrétaire général du syndicat UFAP UNSA-Justice, a dénoncé une décision « contraire au bon sens ».
« Une telle permission de sortie de droit commun, ça ne va pas avec les conditions d’isolement prévues pour les détenus narcotrafiquants. On a dit qu’il fallait les couper du monde, et aujourd’hui on le laisse sortir dans la nature, tout seul. »
Un système judiciaire à bout de souffle
Le ministre de la justice, Gérald Darmanin, a annoncé son intention de modifier les règles d’application des peines pour les criminels organisés, évoquant la création d’un juge spécialisé. Une mesure qui arrive trop tard pour les syndicats, qui dénoncent depuis des années un laxisme judiciaire inquiétant.
Alors que la France fait face à une crise sécuritaire persistante, cette affaire illustre les failles d’un système judiciaire souvent critiqué pour son laxisme. Dans un contexte de montée des violences et de défiance envers les institutions, cette décision pourrait bien alimenter les tensions politiques à l’approche des prochaines échéances électorales.
La permission de sortie court jusqu’à 21 heures, mais les interrogations, elles, risquent de durer bien plus longtemps.