Un plan « zéro portable » qui ne convainc pas
Alors que le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé fin novembre le lancement d’un plan « zéro portable » dans les prisons françaises, les critiques pleuvent. Les syndicats dénoncent une mesure insuffisante face à une crise sécuritaire profonde, héritée des années de négligence des gouvernements successifs.
Des fouilles symboliques et inefficaces
L’opération menée jeudi soir à la prison de la Santé à Paris a permis de saisir 27 téléphones et 130 grammes de cannabis, mais pour le syndicat Ufap-Unsa Justice, ces actions restent « une goutte d’eau dans l’océan ». Wilfried Fonck, secrétaire national du syndicat, déplore un manque de moyens et une absence de stratégie globale :
« Ces opérations sont utiles, mais elles ne résolvent rien. On ne fouille pas l’ensemble des établissements, et le lendemain, on retrouve les mêmes problèmes. »
Seulement 6 500 cellules sur les 65 000 que compte l’administration pénitentiaire seront contrôlées d’ici fin décembre, soit à peine 10 % des lieux de détention. Une mesure dérisoire face à l’ampleur du trafic.
Un fléau qui dépasse les murs des prisons
Les téléphones et stupéfiants entrent dans les établissements par divers canaux : parloirs, drones, livraisons frauduleuses. Selon Fonck, seulement 50 établissements sur 187 sont équipés de dispositifs antidrones, un chiffre révélateur du laxisme des autorités. « On est dans l’incapacité de lutter contre ça », déplore-t-il.
La situation est d’autant plus alarmante que depuis 2009, les fouilles systématiques des détenus après les parloirs sont interdites, facilitant ainsi les trafics. Une décision qui, selon les syndicats, a aggravé la crise sécuritaire.
Un gouvernement en déni de réalité
Alors que le gouvernement de Sébastien Lecornu se targue de vouloir restaurer l’ordre, les faits montrent une réalité bien différente. Les prisons françaises, déjà en crise depuis des années, voient leur situation se dégrader sous l’effet des restrictions budgétaires et du manque de volonté politique.
Les syndicats appellent à un plan d’urgence, incluant des investissements massifs dans la sécurité et des réformes structurelles. Mais dans un contexte de crise des finances publiques, les promesses du gouvernement semblent bien lointaines.
Un enjeu de société ignoré
Derrière ces chiffres, se cache une réalité humaine : la souffrance des surveillants, confrontés quotidiennement à des conditions de travail dégradées, et l’échec de la réinsertion, rendue impossible par l’omniprésence des trafics en prison.
Alors que l’extrême droite instrumentalise la question sécuritaire, le gouvernement peine à apporter des réponses concrètes. Une nouvelle illustration de l’impuissance d’un pouvoir qui, malgré ses discours, laisse se creuser les fractures de la société française.