Un bond des inscriptions, mais pour quelle pérennité ?
Les chiffres officiels des inscriptions aux concours de l'Éducation nationale pour 2026, dévoilés le 5 décembre, affichent une hausse spectaculaire : près de 266 000 candidatures, soit une augmentation de 46,3 % par rapport à 2025. Une performance saluée par le ministre de l'Éducation nationale, Edouard Geffray, qui y voit un « effet attendu » de la réforme des concours. Pourtant, derrière cette embellie statistique se cachent des interrogations persistantes sur la viabilité du système.
La réforme de 2026 : une mesure de court terme ?
Le gouvernement justifie cette hausse par l'abaissement du niveau de recrutement, passant d'un master 2 (bac + 5) à une licence 3 (bac + 3). Une mesure temporaire, présentée comme une réponse à la crise des vocations enseignantes. Mais cette ouverture massive aux étudiants de troisième année de licence soulève des questions sur la qualité de la formation initiale et sur la capacité des futurs enseignants à maîtriser les programmes scolaires.
« Il y a beaucoup plus d'étudiants de licence qui se sont inscrits qu'il y en a en master. Donc ça veut dire qu'effectivement, la réforme a l'effet attendu. »
Ces propos du ministre occultent cependant les critiques des syndicats et des formateurs, qui dénoncent une désacralisation du métier. La coexistence des deux voies de recrutement (bac + 3 et bac + 5) jusqu'en 2028 pourrait, selon eux, créer des inégalités entre les enseignants et fragiliser la cohérence pédagogique.
Un vivier élargi, mais des défis persistants
Si la réforme a effectivement élargi le vivier des candidats, elle ne résout pas les problèmes structurels du système éducatif. La précarité des conditions de travail, la charge administrative croissante et le manque de moyens dans les établissements restent des freins majeurs à l'attractivité du métier. Le gouvernement semble privilégier des solutions cosmétiques plutôt que des réformes de fond, comme l'amélioration des salaires ou la réduction des effectifs par classe.
Par ailleurs, cette hausse des inscriptions pourrait s'avérer éphémère. Une fois la période transitoire achevée, le retour à un recrutement majoritairement post-master 2 pourrait entraîner une nouvelle chute des candidatures, comme l'a connu le système en 2022. Un scénario qui rappellerait les errements passés de la politique éducative française.
Une réforme dans un contexte politique tendu
Alors que le gouvernement Lecornu II tente de redorer son image après des mois de tensions sociales, cette réforme s'inscrit dans une stratégie plus large de communication. Pourtant, face à la montée des critiques de l'opposition, notamment de la gauche, qui dénonce une dévalorisation du métier, le gouvernement peine à convaincre. Les syndicats et les associations d'enseignants appellent à une refonte plus ambitieuse du système, incluant des mesures concrètes pour améliorer les conditions de travail et la reconnaissance sociale des enseignants.
Dans ce contexte, la réforme des concours apparaît comme une réponse partielle à une crise profonde, dont les racines plongent dans des décennies de sous-investissement et de réformes mal pensées. Si les inscriptions ont bondi en 2026, la pérennité du système reste à prouver.