Un tournant restrictif pour le cumul emploi-retraite
Alors que le gouvernement Lecornu II avait promis de soutenir les seniors actifs, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, définitivement adopté mardi 16 décembre, marque un revirement brutal. L'article 12, passé presque inaperçu dans le débat public, durcit considérablement les conditions du cumul emploi-retraite, un dispositif pourtant présenté comme un outil clé pour maintenir les seniors sur le marché du travail.
Un dispositif pourtant encouragé en 2023
En 2023, lors de la réforme des retraites, le législateur avait assoupli les règles du cumul emploi-retraite pour inciter les seniors à prolonger leur activité. « Une mesure de bon sens », avait alors déclaré le ministre de l'Économie, soulignant l'importance de capitaliser sur l'expérience des travailleurs âgés. Pourtant, deux ans plus tard, le gouvernement opère un virage à 180 degrés, imposant des restrictions qui risquent de décourager les retraités actifs.
Des conditions plus strictes pour les retraités
Le texte adopté prévoit désormais des règles plus rigoureuses, notamment pour le « cumul plafonné », où la somme des revenus d'activité et des pensions ne doit pas dépasser un certain seuil. « Une mesure qui pénalise ceux qui souhaitent rester actifs tout en touchant leur retraite », dénonce un syndicaliste. Par ailleurs, les retraités devront attendre six mois avant de pouvoir reprendre une activité chez leur dernier employeur, une attente jugée excessive par de nombreux observateurs.
Une mesure qui s'inscrit dans un contexte de crise des finances publiques
Cette décision intervient alors que le gouvernement fait face à des critiques croissantes sur sa gestion des finances publiques. L'opposition de gauche y voit une nouvelle preuve de l'incapacité du pouvoir à concilier justice sociale et équilibre budgétaire.
« On nous avait promis des réformes pour les travailleurs, on nous impose des restrictions. C'est un recul social inacceptable », a réagi un député insoumis.
Un impact sur l'emploi des seniors
Les conséquences de cette mesure pourraient être lourdes pour les seniors, déjà confrontés à des difficultés sur le marché du travail. Les pays nordiques, comme la Norvège ou l'Islande, qui encouragent activement le cumul emploi-retraite, font figure de modèles en la matière. À l'inverse, cette décision pourrait « braquer les retraités », selon un analyste économique.
Une réforme qui interroge
Alors que le gouvernement justifie cette mesure par la nécessité de préserver l'équilibre des comptes sociaux, l'opposition y voit une manœuvre idéologique, visant à « décourager les travailleurs de rester actifs ». Dans un contexte de crise des vocations politiques et de guerre des droites, cette réforme pourrait bien alimenter les tensions au sein de la majorité.