Un budget en trompe-l'œil
Alors que la loi spéciale doit être votée ce mardi 23 décembre 2025 pour pallier l'absence de budget, le Rassemblement National (RN) se retrouve pris dans ses propres contradictions. En tête des sondages pour la présidentielle, le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella peine à clarifier sa ligne économique, oscillant entre discours libéraux et votes étatistes.
Des promesses libérales, des votes interventionnistes
Jordan Bardella se présente comme un allié des patrons, tandis que Marine Le Pen martèle son intention de baisser les impôts. Pourtant, à l'Assemblée nationale, les députés RN ont voté pour des mesures fiscalement lourdes : la taxe sur les holdings, celle sur les multinationales et l'impôt sur la fortune improductive. Comment concilier ces votes avec un discours pro-entreprises ?
La facture est salée : 34 milliards d'euros de hausses d'impôts en 24 heures. Des chefs d'entreprise ont récemment interpellé Bardella sur ces incohérences. « Comment se prétendre libéral en supprimant la réforme des retraites et en votant des taxes anti-croissance ? », s'interroge un entrepreneur.
Un impôt sur la fortune improductive à l'efficacité douteuse
Le RN promet de baisser les impôts, mais a voté pour un impôt sur la fortune improductive. Cet impôt, dont le rendement reste incertain, toucherait les œuvres d'art, les yachts et les fonds en euros. Un dispositif facilement contournable, selon les experts, qui pourrait même nuire au financement de l'économie française.
Autre incohérence : la taxe Zucman. Le RN l'avait laissée passer lors du dernier budget, avant de s'y opposer cette année. Une volte-face qui interroge sur la cohérence du parti.
Des alliances politiques surprenantes
Politiquement, le RN joue sur plusieurs tableaux. Il a voté avec le Parti socialiste et le MoDem pour taxer les plus fortunés, tout en soutenant des mesures proposées par La France insoumise. Par ailleurs, il a rejoint les voix des LR et des macronistes, rendant son positionnement économique difficile à cerner.
Cette stratégie du « et en même temps » reflète une volonté de séduire à la fois la classe populaire et le monde patronal. Mais cette ambiguïté risque de se retourner contre le RN, alors que la présidentielle approche.
Un positionnement économique flou
Le RN se veut-il libéral ? Socialiste ? Ni l'un ni l'autre, selon les observateurs. Son approche semble avant tout électoraliste, cherchant à maximiser son audience sans s'enfermer dans une doctrine claire.
Alors que le gouvernement Lecornu II tente de stabiliser les finances publiques, le RN peine à proposer une alternative crédible. Entre promesses et votes, le parti de l'extrême droite laisse planer le doute sur sa réelle volonté de réforme.