Thaïlande : dissolution surprise du Parlement, un coup politique dans un contexte de crise frontalière

Par Mathieu Robin 12/12/2025 à 03:12
Thaïlande : dissolution surprise du Parlement, un coup politique dans un contexte de crise frontalière

Dissolution surprise du Parlement thaïlandais dans un contexte de crise frontalière avec le Cambodge et de divisions politiques internes.

Un gouvernement minoritaire pris dans la tourmente

Dans un geste qui surprend les observateurs, le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul a dissous le Parlement vendredi 12 décembre, ouvrant la voie à des élections anticipées. Cette décision, annoncée via un décret publié dans la Royal Gazette, intervient trois mois seulement après son accession au pouvoir, dans un contexte de tensions croissantes avec le Cambodge voisin.

Une dissolution prématurée aux motivations politiques

Bien qu'Anutin Charnvirakul, membre du parti conservateur Bhumjaithai, ait évoqué des raisons techniques pour justifier cette dissolution, les analystes y voient une manœuvre politique destinée à renforcer sa légitimité face à une opposition grandissante.

"La Chambre des représentants est dissoute pour tenir une nouvelle élection législative pour les membres de la Chambre",
indique le texte officiel, sans mentionner explicitement les réelles pressions qui pèsent sur son gouvernement.

Un contexte de crise frontalière exacerbée

Cette décision intervient alors que la Thaïlande fait face à une reprise des hostilités avec le Cambodge, un conflit qui a déjà fait au moins vingt morts et déplacé près de 600 000 personnes. Les observateurs soulignent que cette dissolution pourrait être une tentative de détourner l'attention des échecs diplomatiques du gouvernement actuel, notamment dans la gestion de cette crise frontalière.

Un précédent politique lourd de sens

La destitution de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra, fille de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, en septembre dernier, avait déjà marqué un tournant dans la vie politique thaïlandaise. Son remplacement par Anutin Charnvirakul, issu d'un parti conservateur, avait été perçu comme un retour en arrière par une partie de la société civile. La dissolution surprise du Parlement pourrait ainsi être interprétée comme une tentative de stabiliser un pouvoir fragilisé.

Des élections anticipées dans un climat tendu

Bien que le Premier ministre ait initialement promis des élections pour début 2026, cette accélération du calendrier électoral laisse penser que le gouvernement cherche à capitaliser sur un éventuel regain de popularité. Cependant, dans un pays où les divisions politiques sont profondes, cette décision pourrait au contraire exacerber les tensions et fragiliser davantage la stabilité institutionnelle.

Un coup d'œil vers l'Europe

Alors que la France, sous la présidence d'Emmanuel Macron, fait face à ses propres défis politiques, la situation thaïlandaise rappelle les enjeux de la crise des vocations politiques. Dans un contexte où les gouvernements européens cherchent à renforcer leur légitimité démocratique, la dissolution surprise du Parlement thaïlandais pourrait servir de caution pour des réformes similaires ailleurs dans le monde.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

Votre réaction

Connectez-vous pour réagir à cet article

Publicité

Votre avis

Commentaires (4)

Connectez-vous ou inscrivez-vous pour commenter cet article.

T

Tmèse

il y a 2 jours

Évidemment, les élites se déchirent pendant que le peuple crève la faim. La Thaïlande, comme la France, est dirigée par des parasites qui ne pensent qu'à leurs privilèges. Réveil général !

0
E

Etchecopar

il y a 2 jours

@tmese T'es sûr que c'est pas juste un remake de la série 'Qui veut gagner des élections ?' avec des décors exotiques ? En tout cas, les Thaïlandais vont encore se taper des mois de campagne pour rien...

0
N

Nocturne

il y a 2 jours

Les deux camps ont leurs torts. Le gouvernement a peut-être agi dans l'urgence, mais l'opposition aurait pu chercher un compromis. La Thaïlande a besoin de stabilité, pas de divisions stériles.

0
T

TruthSeeker

il y a 2 jours

Un coup de billard à 3 bandes typique... Le peuple en prend encore plein la gueule pendant que les politiques jouent à leur jeu. #DissolutionPourRien

0
M

Max95

il y a 2 jours

@truthseeker Exactement. La Cour des comptes thaïlandaise a d'ailleurs souligné que 40% des dépenses publiques sont détournées vers des projets clientélistes. La crise frontalière est un prétexte commode.

0
É

Économiste curieux 2024

il y a 2 jours

La dissolution du Parlement thaïlandais s'inscrit dans une logique de crise politique récurrente. Selon l'OCDE, les tensions frontalières affectent 3,2% du PIB thaïlandais. Les élites politiques instrumentalisent souvent ces crises pour consolider leur pouvoir.

3
Publicité