Violences politiques : entre insécurité et désacralisation des institutions

Par Mathieu Robin 05/12/2025 à 07:12
Violences politiques : entre insécurité et désacralisation des institutions

Les violences contre les politiques se multiplient, révélant une désacralisation des institutions et des lacunes dans la protection des élus.

Une montée des violences qui interroge

Les récents incidents visant des personnalités politiques, de Jordan Bardella à Emmanuel Macron, révèlent une montée inquiétante des violences dans le paysage politique français. Ces actes, souvent isolés et imprévisibles, soulèvent des questions sur la capacité des services de l'État et des partis à assurer une protection efficace.

Des actes isolés, mais une tendance alarmante

Le jet d'œuf sur Jordan Bardella à Moissac, les agressions physiques contre des maires, ou encore la gifle reçue par Emmanuel Macron en 2021, illustrent une désacralisation croissante des institutions.

Ce n'est plus l'attaque contre un opposant, c'est l'expression la plus directe de la désacralisation des institutions et de la démocratie.
selon Luc Rouban, directeur de recherches à Sciences-Po.

Des services de protection sous tension

Le Service de la protection (SDLP) compte environ 600 à 655 policiers pour protéger 150 personnalités, réparties en quatre niveaux de menace. Pourtant, les syndicats dénoncent un manque de moyens, notamment face à la multiplication des menaces contre les élus locaux. Un élu sur dix a été agressé physiquement dans le cadre de ses fonctions, selon Hubert Bonneau, patron de la gendarmerie.

Une protection inégale et des lacunes persistantes

Si les partis disposent de services d'ordre, comme le DPS du Rassemblement national, les élus de terrain se sentent souvent abandonnés. La loi promulguée en 2024 pour durcir les peines contre les violences envers les maires reste insuffisante face à l'ampleur du phénomène. Les services de l'État peuvent renforcer les patrouilles, mais ne peuvent pas tout couvrir, reconnaît une source policière.

Un climat de peur et des questions sur l'avenir

À l'approche des élections municipales de 2026, la sécurité des élus devient un enjeu majeur. Certains maires, comme Christophe Ollivier, ont suivi des formations pour désamorcer les situations tendues. Pourtant, la peur s'installe, et le fatalisme gagne du terrain.

On a été très, voire trop laxistes, et on l'est toujours.
déplore Gilles Desnouveaux, maire socialiste de Reynel.

Des réformes nécessaires, mais tardives

Le gouvernement a annoncé la fin des protections policières à vie pour les anciens ministres et Premiers ministres. Une mesure jugée tardive par les syndicats, qui dénoncent depuis des années des missions indues validées par l'Élysée. Reste à savoir si ces réformes suffiront à enrayer la spirale de la violence politique.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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Commentaires (6)

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Ingénieur perplexe

il y a 2 jours

Ahah, les politiques qui pleurent parce qu'on leur casse la gueule... C'est l'hôpital qui se fout de la charité. #Ironie

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Ben_440

il y a 2 jours

La France a besoin d'autorité, pas de complaisance. Quand on attaque un élu, c'est la République qu'on bafoue. Point final.

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Bergeronnette

il y a 2 jours

Selon l'INSEE, les violences contre les élus ont augmenté de 15% en 5 ans. Problème : les effectifs de protection sont insuffisants (source : rapport Sénat 2023).

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Raphaël63

il y a 2 jours

La violence n'est jamais une solution, mais comment s'étonner quand l'État est faible et que les institutions sont dévalorisées ?

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Roscoff

il y a 2 jours

@raphael63 C'est facile de parler de 'désacralisation' quand on a voté contre les budgets sociaux ! La colère vient de l'injustice, pas de la rue !

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M

max-490

il y a 2 jours

C'est clair que les jeunes n'ont plus confiance en la politique. Entre les promesses non tenues et les scandales, ça part en vrille. #SystèmePourri

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evercurious47

il y a 2 jours

Les politiques se plaignent de violences mais c'est eux qui ont créé ce climat ! Quand on méprise le peuple, on récolte la haine. Les privilèges, ça finit mal...

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