Alimentation saine : le gouvernement en décalage avec la science, malgré les promesses de Macron

Par Mathieu Robin 08/12/2025 à 07:06
Alimentation saine : le gouvernement en décalage avec la science, malgré les promesses de Macron

Le gouvernement français peine à appliquer les recommandations scientifiques pour une alimentation saine, malgré les retards et les controverses.

Un discours majeur à Rungis, mais des retards inquiétants

Annie Genevard, ministre de l'Agriculture, a lancé lundi 8 décembre une série de conférences sur la souveraineté alimentaire depuis le marché de Rungis, le plus grand d'Europe. Son objectif affiché : « retrouver notre capacité à produire et à transformer pour une alimentation saine, durable et accessible à tous ». Pourtant, derrière ces belles paroles, le gouvernement peine à concrétiser ses engagements.

Le PNNS, une boussole ignorée ?

Depuis 2001, la France s'appuie sur le Programme national nutrition santé (PNNS), mis à jour régulièrement, pour définir une alimentation saine. Ses recommandations sont claires : augmenter les légumes secs, fruits et légumes, privilégier les féculents complets, limiter les viandes (500 g/semaine), les charcuteries (150 g/semaine) et les produits ultratransformés.

Mais ces directives, fruit d'un consensus scientifique, sont-elles vraiment appliquées ? La Stratégie nationale pour l'alimentation, la nutrition et le climat, censée guider l'action gouvernementale jusqu'en 2030, accuse plus de deux ans de retard. Pire, fin novembre, Matignon a suspendu sa publication à la dernière minute, après des mois de controverses.

La science, une gêne pour le ministère de l'Agriculture ?

Le gouvernement a retiré la mention de « limiter les produits ultratransformés » du texte, malgré les recommandations de l'Anses. Une décision critiquée par Charlie Brocard, de l'Iddri : «

Les résultats scientifiques ne peuvent pas créer une politique publique seuls, mais ils doivent en être au centre.
»

Pourtant, l'étude EAT-Lancet, publiée en octobre, propose un régime « pour la santé planétaire » : 300 g de légumes, 200 g de fruits, 75 g de légumineuses, 15 g de viande rouge et 30 g de volaille par jour. Un modèle loin des habitudes françaises : en moyenne, un Français consomme 242 g de viande et 79 g de sucre quotidiennement.

Une crise sanitaire ignorée

En 2019, Santé publique France alertait : 89,7 % des adultes ne consomment pas assez de fibres, 63 % mangent trop de charcuterie, et 90 % dépassent les limites de sel. Parallèlement, 16 % de la population déclare ne pas manger à sa faim, tandis que l'obésité et le diabète progressent.

Hélène Quéau, d'Action contre la faim, dénonce : «

Il y a un décalage très fort entre le régime alimentaire adéquat et la réalité.
» Elle réclame un « cap ambitieux » pour « changer l'environnement alimentaire » et le rendre « sain, durable et accessible ».

Des groupes de travail sans les associations

Lundi, Annie Genevard a annoncé le lancement de sept groupes de travail par filière, pour proposer des « premières ambitions » lors du Salon de l'agriculture en mars. Mais ces discussions se feront sans les associations de consommateurs et de protection de l'environnement, une exclusion qui interroge sur la transparence du processus.

Alors que le gouvernement promet un « grand réveil alimentaire », les retards et les reculs politiques laissent planer le doute. Entre les promesses de Macron et les réalités du terrain, le fossé semble se creuser.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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Commentaires (4)

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T

Trégastel

il y a 25 minutes

Le pire, c'est que tout le monde sait que le système est pourri. Mais personne ne bouge, parce que ça arrange tout le monde. La santé ? Un détail face aux profits des gros industriels. #Dégoûté

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H

Hugo83

il y a 1 heure

Je pense qu'il faut être juste : le gouvernement avance, mais trop lentement. La transition alimentaire prend du temps, et les Français ne sont pas prêts à tout sacrifier pour la santé. Un équilibre est nécessaire.

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M

Malo du 40

il y a 1 heure

@hugo83 Exact, mais les promesses de Macron en 2017 sur l'alimentation saine étaient claires. Où sont les résultats ? On a droit à des demi-mesures et des reculs constants. C'est ça, la politique ?

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I

Ingénieur perplexe

il y a 3 heures

Macron promet la lune, mais en réalité, c'est toujours la même soupe : des discours, des rapports... et zéro action concrète. La science ? Ils s'en foutent, tant que les lobbies sont contents.

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Reporter citoyen

il y a 2 heures

@ingenieur-perplexe C'est vrai, mais dans ma région, les cantines scolaires font des efforts. Le problème vient surtout de Paris qui bloque les initiatives locales. La décentralisation, ça existe !

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Eva13

il y a 3 heures

Le gouvernement a effectivement du mal à concilier santé publique et réalités économiques. Les lobbies agricoles et agroalimentaires pèsent lourd dans les décisions. Mais reconnaissons aussi les efforts du ministère de la Santé pour promouvoir le PNNS.

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