Une alliance controversée pour les élections municipales
À moins de 100 jours des élections municipales, le Rassemblement national (RN) a choisi une stratégie audacieuse en Corse en s'associant avec Mossa Palatina, un jeune parti nationaliste fondé par un ancien indépendantiste. Cette alliance, qui surprend autant qu'elle interroge, illustre la volonté du RN de s'implanter dans les régions à forte identité, quitte à faire des compromis idéologiques.
Un candidat aux antécédents judiciaires lourds
Nicolas Battini, 32 ans, est le visage de cette alliance. Candidat à la mairie de Bastia avec le soutien du RN, son passé judiciaire est loin d'être anodin : il a purgé six ans de prison pour une tentative d'attentat contre la sous-préfecture de Corte en 2012. Malgré cela, le RN assume pleinement ce choix, arguant que l'essentiel est de défendre une vision commune.
"Que tout le monde se rassure, il n'y a pas eu de mort. Il y a eu une voiture contre une porte de préfecture."
C'est ainsi que Philippe Olivier, député européen et conseiller de Marine Le Pen, tente de minimiser les faits. Une position qui soulève des questions sur les valeurs défendues par le parti d'extrême droite.
Un nationalisme corse compatible avec le RN ?
Nicolas Battini se présente désormais comme un "identitaire, populiste et trumpiste", rejetant l'étiquette d'indépendantiste. Il affirme vouloir promouvoir la culture corse au sein de la France, plutôt que de chercher à s'en séparer. Une évolution qui permet au RN de justifier cette alliance inattendue.
Pourtant, les critiques ne manquent pas. Jean-Guy Talamoni, ancien président de l'Assemblée de Corse, dénonce une "incompatibilité totale" entre les idées de Mossa Palatina et celles du RN. "D'un côté, vous avez un droit du sang en Corse, de l'autre, une vision où un Français est chez lui en Corse", souligne-t-il.
Une stratégie de conquête des régions identitaires
Cette alliance en Corse n'est pas un cas isolé. Le RN compte bien reproduire ce modèle dans d'autres régions à forte identité, comme la Bretagne ou l'Occitanie. Une stratégie qui pourrait s'avérer payante électoralement, mais qui interroge sur les limites idéologiques du parti.
En s'alliant avec des forces nationalistes locales, le RN tente de se positionner comme un défenseur des identités régionales, tout en maintenant son discours souverainiste. Une équation délicate, qui pourrait se retourner contre lui si les contradictions deviennent trop évidentes.
Les Bastiais face à cette alliance
Sur le terrain, l'accueil est mitigé. Si certains habitants de Bastia soutiennent cette alliance, d'autres restent sceptiques. Les thèmes de l'immigration et de la préservation de l'identité corse sont au cœur des discours, reflétant les tensions d'une société en mutation.
Cette alliance entre le RN et Mossa Palatina pourrait bien marquer un tournant dans la politique corse, et au-delà, dans la stratégie du RN pour les élections à venir.