Un budget remanié sous l'influence de la droite sénatoriale
Jeudi 4 décembre, le Sénat a adopté à une large majorité la partie « recettes » du projet de budget pour 2026, après l'avoir profondément remaniée. La Chambre haute, dominée par la droite et ses alliés centristes, a supprimé plusieurs milliards d'euros de hausses de prélèvements initialement prévues par le gouvernement Lecornu II. Un vote qui confirme la stratégie de la droite sénatoriale : privilégier les baisses de dépenses aux hausses d'impôts, au grand dam de l'opposition.
Un rejet massif à l'Assemblée, une adoption serrée au Sénat
Alors que l'Assemblée nationale avait rejeté ce volet à la quasi-unanimité, le Sénat a voté en faveur du texte par 198 voix contre 105. Une majorité solide qui s'explique par la coalition droite-centre, mais aussi par l'abstention surprenante du groupe des Indépendants, majoritairement issu du parti Horizons. Emmanuel Capus, leur représentant, a regretté que le Sénat n'aille « pas assez loin » dans la baisse de la fiscalité, une position qui illustre les tensions internes à la majorité présidentielle.
La droite assume son choix : « Un budget qui privilégie la facilité »
Albéric de Montgolfier, sénateur Les Républicains, a justifié cette réécriture en critiquant le budget gouvernemental : « C'est un mauvais budget, car il a recours à la facilité, celle d'une hausse de la fiscalité plutôt que des économies structurelles. » Parmi les mesures supprimées, la surtaxe des grandes entreprises, qui devait rapporter 4 milliards d'euros en 2026, et la réduction de la taxe sur les holdings patrimoniales.
La gauche dénonce une « intransigeance » et un manque de compromis
La majorité sénatoriale a également corrigé certains votes des derniers jours, suscitant des critiques à gauche. Thierry Cozic, socialiste, a déploré : « L'intransigeance de la majorité sénatoriale a de quoi décontenancer, alors que nous n'avons de cesse d'appeler au compromis. » L'ensemble de la gauche a voté contre ce volet remanié, tandis que la droite, les centristes et le groupe macroniste ont soutenu le texte.
Un déficit qui s'aggrave malgré les promesses
Le gouvernement visait un déficit à 4,7 % du PIB en 2026, contre 5,4 % en 2025. Mais les amendements sénatoriaux ont dégradé le solde financier de 7,7 milliards d'euros, portant le déficit provisoire à 5,1 % du PIB. David Amiel, ministre délégué aux comptes publics, a tenté de rassurer : « Ce vote va nous permettre de continuer à examiner le budget. Parce que, chacun le sait, en l'absence de budget, nous serions tous condamnés au pire, c'est-à-dire à assister, impuissants, à l'explosion des déficits. »
Un marathon budgétaire incertain
Alors que les députés examinent le budget de la Sécurité sociale dans des débats encore plus tendus, les sénateurs s'attaquent désormais à la partie « dépenses ». Le vote final est prévu le 15 décembre, mais l'adoption d'un budget avant la fin de l'année reste très incertaine. Une situation qui illustre les tensions croissantes entre les deux Chambres et les divisions au sein même de la majorité présidentielle.