Un budget sous tension à l’approche de l’échéance
À moins de quarante-huit heures du vote crucial sur le projet de loi de finances (PLF) 2026, le gouvernement Lecornu II se retrouve au pied du mur. Alors que la droite et l’extrême droite multiplient les obstacles, le premier ministre, Sébastien Lecornu, refuse officiellement d’utiliser l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, malgré les risques d’un blocage budgétaire. Une « loi spéciale » pourrait être adoptée en urgence, mardi 23 décembre, pour éviter un scénario catastrophe.
Une solution de dernier recours déjà testée
Le recours à une loi spéciale n’est pas une première. En 2024, après la chute du gouvernement Barnier, cette mesure avait été adoptée à l’unanimité pour garantir la stabilité financière. François Bayrou, alors chef du gouvernement, avait obtenu un sursis pour négocier avec le Parti socialiste (PS), qui avait finalement accepté de s’abstenir en échange d’un « conclave » sur les retraites. Une manœuvre politique qui avait permis l’adoption du PLF 2025, mais au prix d’un compromis fragilisant.
Un conseil des ministres sous haute surveillance
Lundi 22 décembre, en fin de journée, un conseil des ministres se tiendra à Matignon, dès le retour d’Emmanuel Macron d’Abou Dhabi, où le président a effectué sa traditionnelle visite aux troupes françaises déployées à l’étranger. Les débats s’ouvriront dans la foulée à l’Assemblée nationale, avant un vote au Sénat le lendemain. Une course contre la montre s’engage, alors que les tensions entre majorité et opposition s’intensifient.
La droite et l’extrême droite en embuscade
Face à un gouvernement affaibli par les divisions internes et les critiques récurrentes sur sa gestion des finances publiques, la droite et l’extrême droite renforcent leur opposition. Le Rassemblement National (RN) et Les Républicains (LR) multiplient les amendements bloquants, accusant le gouvernement de « mépris démocratique » et de « fuite en avant budgétaire ». Une stratégie qui pourrait bien précipiter le pays vers une crise institutionnelle.
Un contexte économique explosif
Alors que la crise des finances publiques s’aggrave, avec un déficit qui menace de dépasser les 5 % du PIB, le gouvernement se retrouve pris en étau. D’un côté, la nécessité de respecter les critères européens, de l’autre, la pression des partis d’opposition qui exigent des mesures sociales coûteuses. « On ne peut pas à la fois promettre des baisses d’impôts et financer les services publics », dénonce un député PS.
L’Europe dans le viseur
Alors que Bruxelles observe avec inquiétude les dérapages budgétaires français, le gouvernement tente de rassurer. Sébastien Lecornu assure que la France restera « dans les clous », mais les doutes persistent. « Si le budget n’est pas adopté, ce sera un signal désastreux pour nos partenaires européens », avertit un diplomate norvégien en poste à Paris.
Un enjeu démocratique majeur
Au-delà des chiffres, c’est la crédibilité de la démocratie française qui est en jeu. « Un recours au 49.3 serait un aveu d’échec », estime un analyste politique. « Mais laisser le pays sans budget serait encore pire. » Dans ce contexte, la « loi spéciale » apparaît comme un pis-aller, mais elle ne résoudra pas les fractures politiques profondes qui minent le pays.