Un test crucial pour le gouvernement
La semaine s'annonce décisive pour Sébastien Lecornu. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), profondément remanié par le Sénat et rejeté en commission des affaires sociales, revient devant les députés ce mardi 2 décembre. Ce texte, symbole des tensions politiques actuelles, pourrait bien devenir le crash-test de la méthode Lecornu.
La stratégie du compromis mise à l'épreuve
Le Premier ministre a choisi de miser sur le dialogue et l'accord plutôt que sur l'article 49.3, une décision qui pourrait se révéler risquée. « On marche sur une plaque de glace très fine », confie-t-il en privé, reconnaissant l'enjeu historique de ce vote.
Si le budget est adopté d'ici le 9 décembre, notamment avec le soutien du Parti socialiste (PS), une dynamique positive pourrait s'enclencher pour le projet de loi de finances (PLF). Mais un rejet signerait l'échec de la méthode Lecornu et compromettrait gravement l'adoption du budget de l'État avant la fin de l'année.
Un échec cuisant pour les recettes
La nuit du 21 au 22 novembre a déjà marqué un tournant. Le volet « recettes » du PLF a été rejeté par l'unanimité des députés, à l'exception d'un seul. La proposition d'un « emprunt forcé » sur les plus riches, portée par le PS en coordination avec Matignon, n'a pas convaincu. Un revers qui alimente les critiques à droite, où l'on reproche à Lecornu son alliance avec les socialistes.
Une alliance inattendue mais solide
Contrairement à Michel Barnier, qui avait tenté de s'appuyer sur le Rassemblement national (RN) avant d'être censuré, Lecornu privilégie le dialogue avec Olivier Faure, premier secrétaire du PS. Les deux hommes, anciens collaborateurs politiques, partagent une relation de confiance.
« C'est un pur politique, il est fiable. On parle la même langue. » — Olivier Faure
À Matignon, Lecornu vante lui aussi cette alliance, soulignant la maîtrise de Faure. « La situation est difficile, on ne veut pas en rajouter », explique-t-il, tandis que Faure insiste : « On partage une idée simple : le pays doit être gouverné. »
Un enjeu bien au-delà du budget
Ce vote dépasse largement les questions budgétaires. Il s'agit d'un test pour la crédibilité du gouvernement face à une opposition fragmentée mais déterminée. La gauche, bien que divisée, pourrait jouer un rôle clé, tandis que la droite radicale tente de saboter toute forme de compromis.
Dans un contexte de crise des finances publiques et de tensions sociales persistantes, l'issue de ce vote pourrait redéfinir les équilibres politiques pour les mois à venir.