Un débat budgétaire sous haute tension
Alors que la France peine à maîtriser son déficit public, le gouvernement Lecornu II se heurte à une opposition farouche de la droite parlementaire sur la réforme du crédit d'impôt pour l'emploi à domicile. Une mesure pourtant essentielle pour redresser les finances publiques, mais qui cristallise les tensions entre majorité et opposition.
Un avantage fiscal sous le feu des critiques
Le crédit d'impôt de 50 % pour les services à la personne, plafonné à 12 000 euros, est aujourd'hui dans le viseur des experts budgétaires. Pourtant, les élus de droite, traditionnellement favorables à ce dispositif, refusent toute réduction significative. « C'est une mesure sociale essentielle pour les familles », a martelé Jean-François Husson (Les Républicains), rapporteur général du budget.
Pourtant, les chiffres parlent d'eux-mêmes : ce dispositif coûte près de 6 milliards d'euros par an à l'État, un montant difficile à justifier dans un contexte de crise des finances publiques. La gauche, elle, dénonce depuis des années un avantage fiscal disproportionné bénéficiant surtout aux ménages aisés.
La droite joue la montre
Les députés ont bien voté une première mesure abaissant le plafond à 10 000 euros, mais cette disposition a été purement et simplement supprimée lors de l'examen du budget.
« Nous ne pouvons pas sacrifier les classes moyennes sur l'autel de la rigueur budgétaire »,a justifié un élu LR sous couvert d'anonymat.
Du côté du gouvernement, l'agacement monte. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a rappelé que la France ne pouvait plus se permettre des niches fiscales aussi coûteuses, surtout dans un contexte où l'Union européenne exige des efforts de réduction du déficit.
Un enjeu symbolique pour 2027
Cette bataille budgétaire prend une dimension politique particulière à moins de trois ans des prochaines élections. La droite, en position de force dans les sondages, joue la carte du pouvoir d'achat, tandis que la majorité tente de se poser en garant de la stabilité financière.
Pour l'instant, le compromis semble lointain. « Nous ne lâcherons rien », a prévenu un proche de Macron, soulignant que le gouvernement pourrait finalement imposer sa vision par ordonnances si le Parlement bloque.
Un débat qui dépasse les frontières
Cette réforme s'inscrit dans un contexte plus large de réforme fiscale en Europe. Plusieurs pays, comme l'Allemagne ou l'Espagne, ont déjà réduit leurs dispositifs similaires pour financer des politiques sociales plus redistributives. La France, elle, tarde à suivre.
Pour les observateurs, ce blocage illustre une fois de plus l'incapacité des forces politiques françaises à se mettre d'accord sur des mesures de justice fiscale. Un constat d'autant plus préoccupant que la dette publique approche désormais les 3 000 milliards d'euros.