Un gouvernement sous tension face à la colère des agriculteurs
Mardi 16 décembre 2025, le Premier ministre Sébastien Lecornu a convoqué une réunion de crise à Matignon pour tenter de désamorcer la colère des agriculteurs, exacerbée par la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et l'opposition au traité de libre-échange avec le Mercosur. Une nouvelle réunion est prévue en visioconférence mardi après-midi, signe d'une crise persistante.
Une stratégie sanitaire contestée
Lecornu a exigé une accélération de la vaccination et une meilleure adaptation aux réalités locales, reconnaissant implicitement les lacunes de la stratégie actuelle. Les préfets des départements touchés (Ariège, Aude, Gers, etc.) étaient présents, soulignant l'ampleur géographique de la crise.
Les agriculteurs, mobilisés depuis plusieurs jours, continuent de bloquer des axes routiers et ferroviaires dans le Sud-Ouest. En Haute-Garonne, l'A64 reste fermée à Carbonne et Muret, tandis qu'en Gironde, l'A63 est toujours coupée, après un accident lundi soir. La SNCF signale des perturbations majeures sur l'axe Bordeaux-Marseille.
Macron en première ligne sur le Mercosur
Parallèlement, l'exécutif français s'oppose fermement à la signature du traité de libre-échange avec le Mercosur, jugé désastreux pour l'agriculture nationale. Emmanuel Macron a été très clair avec Ursula von der Leyen, refusant toute concession. La France plaide pour un report en 2026, mais Bruxelles a déjà opposé une fin de non-recevoir.
« Il faut dire non, non parce qu'il en va de la survie de notre agriculture et donc de la souveraineté de notre pays. »
Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, a appelé Macron à pratiquer la politique de la chaise vide, une position que le gouvernement ne partage pas, mais qui reflète l'ampleur des divisions.
Un dialogue sous haute tension
La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a tenté de rassurer en évoquant un premier infléchissement du protocole, avec un élargissement de la vaccination. Cependant, les éleveurs dénoncent toujours l'abattage systématique et les restrictions de mouvements.
Un plan d'accompagnement pour les petits élevages et un plan de repeuplement adapté à l'Occitanie ont été annoncés, mais les syndicats agricoles exigeront des garanties concrètes lors de leur rencontre prévue dans la semaine.
Une crise aux multiples facettes
Cette mobilisation s'inscrit dans un contexte plus large de défiance envers les institutions, avec des blocages similaires observés lors de la crise des retraites ou des Gilets jaunes. La gestion de la DNC révèle aussi les limites d'une approche centralisée, alors que les territoires demandent plus d'autonomie.
Alors que l'Europe se prépare à entériner le Mercosur, la France se retrouve isolée, défendant une vision protectrice de son agriculture. Une position qui pourrait renforcer son influence, mais au prix d'un bras de fer avec Bruxelles.