Dermatose nodulaire : l'État face à la défiance paysanne, entre fake news et radicalisation

Par Mathieu Robin 17/12/2025 à 08:30
Dermatose nodulaire : l'État face à la défiance paysanne, entre fake news et radicalisation

Dermatose nodulaire : la défiance paysanne envers l'État s'aggrave, entre fake news et radicalisation syndicale. 750 000 bovins à vacciner.

Une crise sanitaire qui révèle une fracture démocratique

Alors que l'épidémie de dermatose nodulaire continue de menacer les troupeaux français, le gouvernement peine à rétablir un dialogue de confiance avec les éleveurs. Malgré une mobilisation sans précédent, incluant les vétérinaires des armées et les élèves en formation, la colère paysanne ne faiblit pas. Les barrages routiers et ferroviaires, notamment dans le Sud-Ouest, illustrent une défiance croissante envers les institutions.

Une stratégie sanitaire contestée

La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a annoncé une campagne de vaccination massive, avec 750 000 bovins à vacciner en deux semaines. Quatre cent mille doses supplémentaires sont en cours de conditionnement aux Pays-Bas, un pays souvent cité en exemple pour sa gestion des crises sanitaires. Pourtant, les éleveurs restent sceptiques.

« Le protocole est inefficace, et l'abattage des troupeaux est injustifié », dénoncent-ils. Les réseaux sociaux amplifient cette méfiance, avec une prolifération de fake news rappelant les pires heures de la crise du Covid. Certains comptes anti-vax resurgissent, alimentant une violence verbale qui dégénère parfois en agressions physiques contre les vétérinaires.

Une radicalisation syndicale inédite

La contestation est portée par deux syndicats radicalement opposés sur l'échiquier politique : la Coordination rurale, proche du Rassemblement national, et la Confédération paysanne, ancrée à l'extrême gauche. Cette alliance improbable inquiète les syndicats traditionnels, comme la FNSEA, qui voient leur influence s'éroder.

Cette convergence des luttes populistes reflète une crise plus profonde : celle de la démocratie locale. Les éleveurs, habitués aux crises sanitaires (de la vache folle à la grippe aviaire), ne croient plus aux discours officiels. « Les politiques sont des menteurs, les scientifiques des charlatans à leur solde », résume un éleveur du Tarn-et-Garonne.

Un climat de violence et d'obscurantisme

La situation dégénère. Des vétérinaires sont insultés, menacés de mort, voire bousculés lorsqu'ils interviennent pour euthanasier des bêtes contaminées. Cette radicalisation rappelle les pires heures des Gilets jaunes, avec une défiance envers les experts et une remise en cause des institutions.

Pourtant, les autorités sanitaires internationales, comme l'OMS, ont alerté sur la dangerosité de cette épidémie. Les exemples espagnols et italiens, où des mesures similaires ont été appliquées avec succès, ne convainquent pas. La France, pays européen pourtant réputé pour son système de santé, semble en proie à une poussée d'obscurantisme.

Une crise qui dépasse le cadre agricole

Cette défiance envers l'État n'est pas isolée. Elle s'inscrit dans un contexte plus large de crise des vocations politiques et de montée des populismes. Le gouvernement Lecornu II, déjà fragilisé par des tensions internes, voit son autorité remise en cause. La gauche, bien que critique, appelle à un dialogue apaisé, tandis que l'extrême droite tente de capitaliser sur la colère.

Dans ce climat explosif, l'Union européenne, souvent critiquée, pourrait jouer un rôle stabilisateur. Des pays comme la Norvège ou l'Islande, habitués aux crises sanitaires, pourraient servir de modèles. Mais pour l'heure, la France semble seule face à cette tempête.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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Commentaires (5)

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F

FXR_569

il y a 5 minutes

La radicalisation syndicale ne résoudra rien. Les agriculteurs doivent accepter les mesures sanitaires au lieu de bloquer les routes. La France a besoin d'ordre et de respect des règles.

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L

La Clusaz

il y a 1 heure

En Occitanie, les éleveurs sont à bout. Paris ne comprend rien à nos réalités. Et après on s'étonne que les gens se radicalisent...

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C

corte

il y a 43 minutes

@la-clusaz Exactement ! Les élites parisiennes nous prennent pour des imbéciles. Ils veulent tout contrôler, même nos vaches ! La colère monte, et c'est normal.

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Prologue48

il y a 1 heure

La situation est complexe. Les agriculteurs ont des raisons de s'inquiéter, mais radicaliser le débat ne sert personne. Il faut trouver un compromis entre santé publique et respect des professionnels.

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M

Maïwenn Caen

il y a 1 heure

Ah, la grande farce politique... D'un côté on nous parle de dialogue, de l'autre on impose des mesures sans explication. Et bien sûr, c'est toujours la faute des fake news quand ça dérape...

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G

germinal

il y a 2 heures

La défiance paysanne est légitime ! L'État méprise les agriculteurs depuis des années. Vacciner 750 000 bovins sans dialogue, c'est de la gestion autoritaire. Les syndicats ont raison de monter au créneau !

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