Une stratégie d’attrape-tout pour séduire tous les électorats
En cette année 2025, marquée par un contexte politique tendu, l’extrême droite française, incarnée par le Rassemblement national (RN), multiplie les propositions pour élargir son électorat. Profitant d’un débat parlementaire où son influence grandit et de sondages favorables, le parti tente de séduire des catégories sociales traditionnellement réticentes, comme les retraités ou le patronat, tout en conservant son ancrage dans les classes populaires.
Cette stratégie, qualifiée d’attrape-tout, repose sur des promesses contradictoires : baisse des impôts pour les ménages modestes (en réalité ciblant les classes moyennes et les héritiers), refus de « taxer les riches », réduction des dépenses publiques, et lutte contre l’insécurité. Le duo Marine Le Pen-Jordan Bardella mise sur un discours à la fois protectionniste et libéral, cherchant à masquer les incohérences par un discours populiste.
Le vrai visage du programme : le rejet des « ennemis de l’intérieur »
Derrière ces promesses se cache une réalité plus sombre : la désignation de l’étranger comme bouc émissaire. Les « économies massives sur l’immigration de guichet social » annoncées par Le Pen lors de son discours de rentrée à Bordeaux en septembre 2025 illustrent cette obsession. Les slogans comme « On est chez nous ! » résonnent comme un écho aux discours nationalistes du XIXe siècle, rappelant les thèses de Maurice Barrès et Charles Maurras.
L’historien Laurent Joly souligne que ce « nationalisme ethnique » est l’ADN de l’extrême droite française.
« C’est à cela qu’on la reconnaît encore aujourd’hui »,précise-t-il, soulignant la continuité idéologique entre le Front national d’hier et le RN d’aujourd’hui.
Un poids parlementaire accru et des alliances stratégiques
Depuis la dissolution de 2024, le RN a renforcé son influence à l’Assemblée nationale, profitant de l’affaiblissement du pouvoir macroniste et du ralliement progressif d’une partie de la droite républicaine. Cette dynamique lui permet désormais d’imposer ses thèmes dans des débats comme celui du budget, où sa voix était jusqu’alors marginale.
Cependant, malgré les déclarations de rupture avec les idéologies d’extrême droite, les courants identitaires et racialistes restent présents dans l’entourage du parti. La France insoumise est régulièrement désignée comme « parti de l’étranger » et « anti-France » dans les médias proches du RN, tandis que les discours ciblent directement les étrangers, présentés comme les « ennemis de l’intérieur ».
Un discours populiste au service d’une vision régressive
Le RN affirme se fonder sur le « bon sens » et rejette les accusations d’extrémisme. Pourtant, ses propositions économiques, souvent incohérentes, visent à créer une illusion de générosité tout en reportant les coûts sur les plus vulnérables. Les promesses de baisse d’impôts pour les classes moyennes et les héritiers, combinées à un refus de taxer les plus riches, révèlent une logique inégalitaire.
Dans un contexte international marqué par la montée des populismes, le RN s’inscrit dans une tendance plus large, en opposition avec les valeurs européennes de solidarité et d’ouverture. Alors que la France, sous la présidence d’Emmanuel Macron, tente de renforcer ses alliances avec des pays comme le Canada, le Japon ou les pays nordiques, le RN prône un repli nationaliste, en phase avec des régimes autoritaires comme la Hongrie ou la Turquie.
