Une commission d'enquête sous le signe de la polarisation
Depuis un mois, la commission d'enquête sur « la neutralité, le fonctionnement et le financement de l'audiovisuel public » fait parler d'elle. Ses travaux, censés éclairer les citoyens, s'apparentent davantage à une manœuvre politique qu'à une démarche constructive. Dans un contexte où l'Assemblée nationale peine déjà à adopter un budget dans les délais, cette commission, initiée par l'Union des droites pour la République (UDR), allié du Rassemblement national, alimente les doutes sur la capacité des institutions à traiter les sujets sensibles avec impartialité.
Un rapporteur controversé et des méthodes critiquées
Le rapporteur, Charles Alloncle, s'est rapidement distingué par un ton agressif et des questions orientées, suscitant des réactions vives. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a dû rappeler à l'ordre ce dernier, tandis que des membres de la commission dénoncent un « maccarthysme » déguisé. L'exploitation tendancieuse des auditions sur les réseaux sociaux, comme le montage d'un échange avec Patrick Cohen sur le drame de Crépol, illustre cette dérive idéologique.
Une offensive coordonnée contre le service public
Cette commission s'inscrit dans une stratégie plus large visant à discréditer l'audiovisuel public. Le Rassemblement national, qui ne cache pas son intention de privatiser ce secteur s'il accède au pouvoir, le décrit comme un
« système verrouillé, militant, où l'hégémonie de la gauche est totale ». Cette attaque s'appuie sur des révélations douteuses, comme l'extrait d'une conversation privée entre Patrick Cohen et Thomas Legrand, diffusée par le média d'extrême droite L'Incorrect.
Un climat de stigmatisation et de censure
L'offensive contre les médias publics s'inscrit dans une tendance internationale, où des régimes autoritaires cherchent à « policer les esprits ». Si le contrôle démocratique est légitime, la commission actuelle semble plutôt viser le musellement que la réforme. Dans un contexte où la démocratie locale et les finances publiques sont déjà fragilisées, cette polarisation ajoute une nouvelle couche de tension.
Un service public plébiscité malgré les attaques
Malgré les critiques, l'audiovisuel public reste plébiscité par les citoyens. Son rôle dans la diversité d'opinions et le pluralisme est essentiel, d'autant plus dans un pays où les médias privés sont souvent contrôlés par des intérêts particuliers, comme ceux du milliardaire Vincent Bolloré. La commission, plutôt que de servir l'intérêt général, semble « mise au service d'une attaque coordonnée », comme le soulignent des observateurs.