Les sciences sociales sous attaque : comment le féminisme réinvente la recherche

Par Aurélie Lefebvre 15/12/2025 à 18:07
Les sciences sociales sous attaque : comment le féminisme réinvente la recherche

Les sciences sociales sous attaque : comment le féminisme réinvente la recherche. Un essai percutant interroge la neutralité scientifique et l'apport des études féministes.

Une offensive idéologique contre les sciences sociales

Des États-Unis à l’Europe, en passant par le Brésil et la Russie, les sciences sociales font face à des attaques violentes. En France, ces offensives proviennent aussi bien de figures politiques de droite et d’extrême droite que d’universitaires accusant leurs collègues de mélanger recherche et idéologie. Dans ce contexte, les sociologues Eric Fassin et Caroline Ibos, professeurs à l’université Paris-VIII-Vincennes-Saint-Denis, publient un essai percutant : La Savante et le Politique. Ce que le féminisme fait aux sciences sociales (PUF, 328 pages, 20 euros).

La neutralité scientifique, un leurre ?

Les deux spécialistes des études de genre y défendent l’idée que les sciences sociales ont toujours été politiques. La neutralité, jugée illusoire, ne doit pas être un objectif. L’ouvrage met en lumière l’apport des études féministes, qui ne cherchent pas à corriger les biais par un dépassement des points de vue, mais à situer les savoirs et à intégrer les expériences des minorités.

Un héritage méconnu : les enquêtes de la Hull House

Une partie de l’essai interroge l’éthique des enquêtes de terrain en sociologie, en revenant sur un épisode oublié de l’histoire de la discipline. Autour de Jane Addams, des femmes de la Hull House à Chicago menaient des enquêtes dans des ateliers ou des tribunaux pour enfants, avec une perspective de réforme sociale. Ces travaux, jugés trop politiques, furent écartés par les universitaires masculins de l’école de Chicago. Un exemple frappant des résistances patriarcales dans le monde académique.

Un débat qui dépasse le milieu universitaire

Si l’essai s’adresse principalement aux chercheurs, il s’inscrit aussi dans un contexte politique plus large. Alors que le gouvernement Lecornu II affiche une volonté de modernisation, les attaques contre les sciences sociales révèlent des tensions profondes. La droite et l’extrême droite françaises, souvent critiques envers les approches féministes, pourraient voir dans cet essai une provocation.

Dans un monde où les fake news et les discours anti-scientifiques se multiplient, cet ouvrage rappelle l’importance de l’engagement savant.

« La recherche n’est pas neutre, mais elle doit être rigoureuse et inclusive »,
soulignent les auteurs.

À propos de l'auteur

Aurélie Lefebvre

Lassée de ne pas avoirs d'informations fiables sur la politique française, j'ai décidé de créer avec Mathieu politique-france.info ! Je m'y consacre désormais à plein temps, pour vous narrer les grands faits politique du pays et d'ailleurs. Je lis aussi avec plaisir les articles de politique locale que VOUS écrivez :)

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Commentaires (4)

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Prisme

il y a 2 heures

Le féminisme n'est pas une mode, c'est une nécessité scientifique. Comment analyser les inégalités sans prendre en compte le genre ? Les conservateurs devraient lire un peu plus avant de critiquer.

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Raphaël63

il y a 1 heure

@prisme Le féminisme a sa place, mais de là à dire qu'il 'réinvente' la recherche, c'est un peu exagéré. La science doit rester objective, pas militante. Le mérite individuel compte plus que les statistiques genrées.

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Patrick du 67

il y a 3 heures

Les élites parisiennes se gargarisent avec leur féminisme académique pendant que les vrais problèmes des gens, eux, restent sans réponse. Priorité aux gens, pas aux théories !

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Douarnenez

il y a 4 heures

Ah les sciences sociales... toujours en train de se chercher. Le féminisme réinvente la recherche ? Ou alors c'est juste une nouvelle façon de se donner bonne conscience ?

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Résonance

il y a 4 heures

@douarnenez Les études féministes ont effectivement montré des résultats tangibles, comme le biais de genre dans les évaluations universitaires (source : rapport Haut Conseil à l'Égalité, 2020). La neutralité scientifique est un idéal, pas une réalité.

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Cigogne Sage

il y a 5 heures

Enfin un article qui ose parler de la place du féminisme dans la recherche ! Les sciences sociales ont trop longtemps ignoré les biais de genre. Les données, c'est bien, mais sans perspective critique, ça reste biaisé.

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