Macron dément un « ministère de la vérité » : la droite et l’extrême droite en campagne contre un fantôme

Par Aurélie Lefebvre 02/12/2025 à 13:15
Macron dément un « ministère de la vérité » : la droite et l’extrême droite en campagne contre un fantôme

Macron dément vouloir créer un « ministère de la vérité » ou un label d’État pour les médias, accusé par la droite et l’extrême droite.

Un démenti ferme face aux accusations

Emmanuel Macron a catégoriquement nié, mardi 2 décembre, en conseil des ministres, toute intention de créer un « label d’État » pour les médias, ainsi qu’un hypothétique « ministère de la vérité », comme le suggèrent des médias proches de Vincent Bolloré, ainsi que des figures de la droite et de l’extrême droite.

« Le gouvernement ne va pas créer tel ou tel label destiné à la presse. Ce n’est pas, ce ne sera jamais son rôle de le faire », a-t-il affirmé, selon les propos rapportés par la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon. Le président a insisté : « Il n’a jamais affirmé cela et n’a jamais tenu ces propos ».

Un projet professionnel, pas étatique

Pourtant, le 19 novembre à Arras, face aux lecteurs de La Voix du Nord, Macron avait évoqué un projet de labellisation porté par des professionnels, visant à distinguer les sites d’information de ceux qui monétisent la publicité personnalisée. « C’est pas l’État qui doit vérifier, sinon ça devient une dictature », avait-il souligné la semaine dernière à Mirecourt (Vosges).

Cette initiative s’inscrit dans le cadre des États généraux de l’information, soutenus par des organisations comme Reporters sans frontières et la Journalism Trust Initiative. Macron a rappelé que cette démarche relevait des acteurs du secteur, non du pouvoir politique.

Une instrumentalisation politique

Les médias du groupe Bolloré, relayés par des figures de la droite et de l’extrême droite, ont transformé cette discussion en une campagne alarmiste. L’Élysée avait déjà réagi lundi soir via une vidéo sur X, dénonçant une « désinformation » qui se nourrit de la lutte contre la désinformation.

Bruno Retailleau, président des Républicains, et Éric Ciotti, allié au Rassemblement national, ont lancé des pétitions contre ce qu’ils présentent comme une menace pour la liberté de la presse.

« Pour préserver la liberté d’expression, non au projet de labellisation des médias », a écrit Ciotti sur X.

Une stratégie électorale ?

Ces accusations interviennent dans un contexte de tensions politiques croissantes, alors que la droite et l’extrême droite se préparent aux élections de 2027. Les critiques visent notamment les médias jugés « progressistes », une rhétorique qui rappelle les attaques contre la presse indépendante dans d’autres démocraties fragilisées.

Pourtant, aucune mesure étatique contraignante n’a été évoquée. Les initiatives de labellisation, si elles voient le jour, resteront probablement volontaires et portées par la société civile, comme le rappelle le gouvernement.

Un débat qui dépasse les frontières

Cette polémique s’inscrit dans un contexte international où plusieurs pays, comme la Hongrie ou la Turquie, ont durci leur contrôle sur les médias. En France, où la liberté de la presse est un pilier républicain, ces accusations soulèvent des questions sur l’usage politique de la désinformation.

Alors que l’Union européenne renforce ses mécanismes contre les fake news, notamment via le Digital Services Act, la droite française semble vouloir criminaliser toute régulation, même lorsque celle-ci émane des acteurs eux-mêmes.

À propos de l'auteur

Aurélie Lefebvre

Lassée de ne pas avoirs d'informations fiables sur la politique française, j'ai décidé de créer avec Mathieu politique-france.info ! Je m'y consacre désormais à plein temps, pour vous narrer les grands faits politique du pays et d'ailleurs. Je lis aussi avec plaisir les articles de politique locale que VOUS écrivez :)

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Commentaires (6)

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Nocturne

il y a 5 jours

Tout le monde s'énerve pour rien. Le vrai problème, c'est que personne ne croit plus les médias, point final.

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K

Kaysersberg

il y a 5 jours

En Europe, on a des débats sur la désinformation, pas sur des ministères de la vérité. La France a vraiment un problème avec le complotisme.

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WordSmith

il y a 5 jours

La droite devrait s'inquiéter pour les vrais problèmes : précarité, climat, inégalités... Pas pour des fake news.

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Raphaël63

il y a 5 jours

@wordsmith La précarité, c'est à cause des taxes et de l'assistanat, pas de la désinfo. Mais bon, vous préférez parler de climat que de travail.

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Renard Roux

il y a 5 jours

Même si c'est un fantasme, ça montre bien l'état d'esprit de ce gouvernement. Contrôler l'info, c'est leur obsession.

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M

max-490

il y a 5 jours

Lol les mecs ont vraiment rien d'autre à faire que de flipper sur des trucs qui existent pas... #MinistèreDeLaVérité ??? On est en 2024 ou en 1984 ?

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C

Chimère

il y a 5 jours

@max-490 Exactement, ils inventent des menaces pour cacher leurs propres conneries. Le vrai ministère de la vérité, c'est leur communication.

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L

Logos

il y a 5 jours

La droite fait du buzz sur un fantasme. Macron a raison de démentir, mais ça montre à quel point le débat politique est dégradé.

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