Un président en campagne dans une ville en crise
Le soleil vient de se coucher sur le col de Morgiou, à l’est de Marseille, et les cris des détenus des Baumettes résonnent dans la nuit. Mardi 16 décembre 2025, Emmanuel Macron visite la nouvelle extension du centre pénitentiaire, symbole d’une politique sécuritaire qui divise. Alors que le président vante les mérites d’une prison « moderne », les critiques de l’opposition, notamment de la droite et de l’extrême droite, s’intensifient.
Une prison « désencombrée » mais des questions persistent
Les couloirs immaculés, les cellules aux allures de chambres d’étudiant et l’absence d’odeurs nauséabondes : la nouvelle extension des Baumettes est présentée comme une réussite. Pourtant, les syndicats pénitentiaires dénoncent un manque de moyens humains pour accompagner cette modernisation. « On a supprimé les matelas au sol, mais les surveillants manquent toujours », confie un responsable sous couvert d’anonymat.
Macron face à la « mexicanisation » de la criminalité
Accompagné du procureur Nicolas Bessone, placé sous protection policière, le chef de l’État a martelé sa détermination à « éradiquer » le narcotrafic. Une rhétorique qui rappelle celle de l’extrême droite, mais avec des moyens jugés insuffisants par les associations locales. « La guerre contre les trafics ne se gagne pas avec des prisons, mais avec des politiques sociales », estime un élu écologiste marseillais.
Un hommage sous haute surveillance
Dans la matinée, Macron s’est recueilli sur la tombe de Mehdi Kessaci, assassiné pour intimider son frère Amine, militant anti-trafic. Un geste politique fort, alors que la droite accuse le gouvernement de « laxisme » face à l’insécurité. « Le président joue les durs, mais les quartiers nord de Marseille attendent des actes, pas des discours », ironise un opposant.
La droite et l’extrême droite contre-attaquent
Alors que le Rassemblement National et Les Républicains dénoncent une « gestion calamiteuse » de la sécurité, le gouvernement Lecornu II tente de recentrer le débat sur les « résultats concrets ». Mais dans l’ombre, les tensions montent : certains élus de droite évoquent déjà une « instrumentalisation » de la crise marseillaise en vue des élections de 2027.
Un enjeu européen et international
La France, souvent critiquée par l’Union Européenne pour son approche répressive, tente de concilier fermeté et respect des droits humains. Des experts pointent du doigt les liens entre narcotrafic et réseaux internationaux, notamment avec certains pays d’Afrique, où la France est accusée de « négliger » les enjeux locaux.
Une ville en attente de solutions
À Marseille, les habitants attendent des réponses concrètes. Entre discours politiques et réalité du terrain, la fracture se creuse. « On nous promet des prisons propres, mais pas de travail ni d’éducation », déplore un riverain. Dans ce contexte, la « guerre » déclarée par Macron risque de rester un slogan, tandis que la droite et l’extrême droite en profitent pour alimenter leur narrative.