Outre-mer : la vie chère, un scandale d’État ignoré par Macron et Lecornu

Par Mathieu Robin 10/12/2025 à 14:26
Outre-mer : la vie chère, un scandale d’État ignoré par Macron et Lecornu

Les DOM-TOM subissent une vie chère insupportable, mais le gouvernement ignore les vraies solutions structurelles.

Un problème structurel ignoré par le pouvoir

La question de la vie chère dans les DOM-TOM resurgit régulièrement, mais les politiques publiques, sous les gouvernements successifs, échouent à traiter un phénomène aux racines profondes. Le dernier projet de loi adopté le 28 octobre, censé améliorer le pouvoir d’achat, reste fragmentaire et évite soigneusement les vraies causes de la précarité outre-mer.

Des écarts de prix et de niveau de vie insupportables

Les prix dans les territoires ultramarins sont en moyenne 13 % plus élevés qu’en métropole, mais c’est surtout le niveau de vie, inférieur de 40 %, qui crée une véritable rupture d’égalité. Le pouvoir d’achat est pris dans un « effet ciseau » : des dépenses fortes, des revenus faibles. Les prix resteront structurellement élevés, qu’il s’agisse des biens importés ou locaux.

Tant que les niveaux de vie ne progresseront pas, une baisse ponctuelle des prix ne suffira pas à inverser la tendance. Cet impensé affaiblit l’ambition de la réforme en cours, la condamnant au mieux à la simple rustine.

L’oligopole, un faux problème ?

L’attention politique se focalise souvent sur un oligopole bien réel : aux Antilles comme à La Réunion, quelques groupes contrôlent parfois plus de 40 % du marché. Mais les rapports disponibles ne révèlent pas de marges excessives. Cet oligopole n’est en réalité qu’un nœud parmi d’autres dans la chaîne des surcoûts : coûts d’approvisionnement très élevés, étroitesse des marchés domestiques et un tissu économique constitué essentiellement de TPE et de PME qui ne permettent pas d’économies d’échelle.

Sans oublier la multiplication des acteurs (transporteurs, transitaires, importateurs, distributeurs, etc.) qui majorent chacun leurs marges. Le gouvernement Lecornu II semble ignorer ces réalités, préférant des mesures symboliques plutôt que des réformes structurelles.

L’alimentation, un enjeu majeur

Les écarts les plus visibles concernent l’alimentation, jusqu’à + 41 % aux Antilles. Le « bouclier qualité-prix » (BQP), dispositif emblématique, reste centré sur l’alimentaire, qui représente jusqu’à 70 % à La Réunion et 43 % en Guadeloupe de ce panier, alors qu’il ne représente que 15 % du panier de consommation « type ».

Dans ce contexte, deux orientations reviennent souvent comme solutions : la coopération régionale et l’autonomie alimentaire. Mais le gouvernement français, trop occupé par ses calculs politiques, ne semble pas prêt à engager les moyens nécessaires pour une vraie transformation.

Un scandale d’État

Alors que la France se targue d’être une puissance européenne et mondiale, ses territoires ultramarins subissent une précarité économique insupportable. Les DOM-TOM, souvent perçus comme des « colonies internes », sont les grandes oubliées des politiques publiques. La gauche, historiquement plus sensible à ces questions, dénonce depuis des années ce mépris institutionnel.

Face à cette situation, l’Union européenne pourrait jouer un rôle plus actif, en soutenant des projets de coopération régionale et en imposant des normes plus strictes sur les prix des produits importés. Mais pour l’instant, le gouvernement français préfère fermer les yeux.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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Commentaires (7)

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G

germinal

il y a 7 heures

Le capitalisme sauvage et l'abandon de l'État font des ravages dans les DOM-TOM. Il faut une vraie politique de redistribution et de régulation des prix !!!

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É

Éditorialiste anonyme

il y a 8 heures

La vie chère, c'est le fléau des DOM-TOM. Et pendant ce temps, les politiques font des selfies devant des projets qui n'aboutissent jamais. C'est rageant, franchement.

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L

Lacannerie

il y a 8 heures

La France doit protéger ses territoires d'Outre-mer, mais sans tomber dans l'assistanat. Il faut des mesures ciblées, pas des subventions à tout va qui ne résolvent rien.

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ACE 55

il y a 8 heures

Macron et sa clique sont des incompétents !!! Ils préfèrent faire des cadeaux aux riches plutôt que d'aider les gens qui en ont vraiment besoin. La vie chère, c'est une honte d'État !

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EdgeWalker

il y a 9 heures

La situation est effectivement complexe, mais il faut éviter les généralisations. Certains dispositifs existent, mais leur application est souvent inefficace. Il faut travailler sur le terrain, pas juste faire des discours.

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L

Léo-79

il y a 10 heures

Les élites parisiennes s'en foutent complètement des Outre-mer !!! C'est toujours la même histoire : on nous promet des solutions, mais à la fin, c'est toujours le peuple qui trinque.

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R

Reminiscence

il y a 9 heures

@leo-79 Les élites ? Parlons plutôt de responsabilité individuelle. Les DOM-TOM ont des spécificités, mais il faut aussi éviter de tout mettre sur le dos de l'État. L'initiative locale compte aussi.

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N

Nathalie du 26

il y a 7 heures

@reminiscence L'Europe pourrait pourtant aider, mais la France refuse souvent les fonds disponibles. On reste trop repliés sur nous-mêmes.

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E

Etchecopar

il y a 10 heures

Macron et Lecornu jouent à cache-cache avec les problèmes des DOM-TOM. La vie chère, c'est comme leur réforme des retraites : on sait que ça va péter, mais on fait semblant de rien voir. #ironie

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