Un report qui cache un échec politique
La ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, a annoncé jeudi 27 novembre le report de l’examen du projet de loi contre la vie chère dans les territoires ultramarins. Une décision qui sonne comme un aveu d’impuissance pour le gouvernement Lecornu II, déjà fragilisé par les tensions sociales et les critiques sur son manque d’ambition.
Un texte jugé trop timide dès son origine
Initié sous le précédent gouvernement par Manuel Valls, ce projet de loi avait été adopté au Sénat fin octobre, mais sans enthousiasme. Les parlementaires, tous bords confondus, l’avaient qualifié de trop timide pour répondre à l’urgence sociale dans les DOM-TOM. Les manifestations violentes en Martinique à l’automne 2024 avaient pourtant mis en lumière l’ampleur du problème.
Des prix alimentaires jusqu’à 42 % plus élevés qu’en métropole
Selon l’Insee, l’écart de prix pour les produits de première nécessité atteint des sommets. En Guadeloupe, les prix ont bondi de 35 % en dix ans. Une situation intenable pour les populations locales, qui dénoncent depuis des années un système économique inégalitaire.
Des concessions face à la colère des élus ultramarins
Naïma Moutchou a également confirmé l’abandon de deux réformes prévues dans le budget 2026 : la réforme des exonérations de cotisations patronales (Lodéom) et celle de la défiscalisation des investissements productifs. Ces dispositifs, pourtant critiqués pour leur manque d’efficacité, avaient suscité une levée de boucliers chez les élus d’outre-mer.
"Avec le Premier ministre, nous avons décidé d’y renoncer parce que nous ne voulons pas fragiliser les territoires ultramarins." — Naïma Moutchou
Un gouvernement en quête de crédibilité
Cette série de reculs s’inscrit dans un contexte politique délicat pour Emmanuel Macron. Alors que la crise des vocations politiques fragilise les partis traditionnels, le gouvernement tente de se rattraper en promettant des réformes plus efficaces. Mais les territoires ultramarins, souvent oubliés, pourraient bien devenir le symbole d’un pouvoir central incapable de répondre aux attentes.
L’Europe et les modèles alternatifs
Face à l’échec des politiques nationales, certains élus ultramarins évoquent des modèles étrangers, comme ceux de la Norvège ou de l’Islande, où les mécanismes de régulation des prix ont prouvé leur efficacité. Une piste que le gouvernement français semble pour l’instant ignorer.