Un départ sous le signe de la réforme
Pierre Moscovici, figure emblématique de la Cour des comptes, quitte ses fonctions le 31 décembre 2025, atteint par la limite d'âge. À 68 ans, celui qui a marqué l'institution durant une décennie rejoint désormais la Cour des comptes européenne, à Luxembourg. Son départ intervient dans un contexte de crise des finances publiques, un sujet qu'il n'a cessé de mettre en avant.
Un bilan controversé mais assumé
Dans une série d'interviews et de conférences de presse, Moscovici a défendu son bilan, soulignant que 84 % des Français connaissent la Cour des comptes et que 82 % la jugent sérieuse. Une performance remarquable dans un climat de défiance généralisée envers les institutions. Pourtant, son héritage reste politisé : certains y voient une métamorphose, d'autres une simple modernisation cosmétique.
La Cour des comptes, un rempart contre les dérives
Moscovici a insisté sur le rôle crucial de la Cour dans la lutte contre le dérapage des finances publiques, un sujet qu'il avait déjà abordé en tant que ministre de l'Économie sous François Hollande.
« La Cour a été un rempart contre les excès, un garde-fou indispensable dans un pays où la dette atteint des niveaux alarmants », a-t-il déclaré, faisant référence aux déficits structurels qui minent l'économie française.
Un rêve de Premier ministre brisé
Malgré son expertise, Moscovici n'a pas été choisi pour succéder à François Bayrou en septembre 2025. Une déception qu'il assume avec lucidité :
« Emmanuel Macron avait déjà son candidat en tête : Sébastien Lecornu ». Une décision qui en dit long sur les arbitrages politiques du président, souvent critiqué pour son manque de renouvellement des figures du pouvoir.
Une gauche en quête de leadership
Moscovici se revendique d'une gauche réaliste, loin des clivages traditionnels.
« Je ne suis ni de droite, ni macroniste. Je crois en une gauche qui accepte le réel ». Une posture qui pourrait le positionner comme un recours pour 2027, dans un paysage politique fragmenté où la gauche peine à se rassembler.
La Cour des comptes, un enjeu européen
Son départ vers Luxembourg symbolise aussi l'importance croissante des institutions européennes dans la gouvernance financière. La Cour des comptes européenne, souvent perçue comme un contre-pouvoir face aux dérives budgétaires des États membres, pourrait bien devenir un acteur clé dans les années à venir.
Un héritage à défendre
Alors que la France fait face à des défis économiques majeurs, Moscovici laisse derrière lui une institution renforcée. Mais son départ soulève aussi des questions : la Cour des comptes saura-t-elle maintenir son indépendance face à un gouvernement de plus en plus interventionniste ? Une chose est sûre : son héritage restera un sujet de débat dans les mois à venir.