Un projet de loi controversé à l'approche des municipales
Alors que la France s'apprête à vivre des élections municipales cruciales en 2026, le gouvernement Lecornu II accélère la réforme des polices municipales. Un projet de loi, présenté comme une réponse à la crise de la sécurité, suscite des débats houleux entre partisans d'un renforcement des pouvoirs locaux et critiques d'une décentralisation sécuritaire jugée floue et dangereuse.
45 % d'agents en plus depuis 2012 : une « troisième force » de l'ordre
Avec 28 161 agents recensés en 2023, les polices municipales constituent désormais la « troisième force » de l'ordre public, derrière la police (151 000) et la gendarmerie (98 000). Leur croissance, en hausse de 45 % depuis 2012, reflète une volonté politique de renforcer la présence policière au plus près des citoyens. Mais cette expansion soulève des questions : comment articuler leurs missions avec celles des forces nationales ? Quels financements et quelles compétences leur accorder ?
Un projet de loi accéléré, des compétences élargies
Le gouvernement souhaite faire voter le texte avant les municipales, via une procédure accélérée. Parmi les mesures phares : l'expérimentation de drones pendant cinq ans et l'extension des pouvoirs judiciaires des policiers municipaux. Ces derniers pourraient désormais constater neuf nouveaux délits, comme la conduite sans permis ou les outrages sexistes.
« Ce texte respecte le principe constitutionnel de libre administration des collectivités », a souligné Eric Verlhac, directeur général de l'AMF, saluant une avancée pour les maires.
Des critiques virulentes du Conseil d'État
Le Conseil d'État a pourtant alerté sur les risques d'un « régime de procédure pénale à géométrie variable », jugant le texte complexe à mettre en œuvre. Une mise en garde qui rejoint les craintes des opposants, notamment à gauche, où l'on dénonce une militarisation des territoires et une confusion des rôles entre forces de l'ordre.
La droite et l'extrême droite en ordre de bataille
Du côté des partisans du projet, la droite et l'extrême droite saluent une réponse concrète aux attentes des citoyens en matière de sécurité. Marine Le Pen a notamment plaidé pour un commandement unifié, une idée rejetée par l'AMF, qui y voit une menace pour l'autonomie locale.
Un enjeu clé pour les municipales de 2026
Alors que les tensions montent autour de la crise de la démocratie locale, ce projet de loi pourrait bien devenir un marqueur politique du scrutin. À trois mois des élections, les maires et les candidats se positionnent, entre défense des prérogatives locales et crainte d'une déresponsabilisation de l'État.