Un régime avantageux mais contesté
Les pilotes, hôtesses et stewards des compagnies aériennes françaises bénéficient d’un régime de retraite complémentaire particulièrement favorable, mais ce système, jugé déséquilibré, est aujourd’hui sous le feu des critiques. Un rapport accablant de la Cour des comptes, publié mercredi 10 décembre, met en lumière les failles financières et les dysfonctionnements de la « caisse de retraite du personnel navigant professionnel de l’aéronautique civile » (CRPN), un organisme qui, selon les magistrats, entretient un rapport ambigu avec la déontologie.
Des règles trop laxistes ?
Les navigants, soumis au régime général pour leur retraite de base, profitent d’une pension complémentaire bien plus avantageuse que celle des salariés du privé. Cette singularité s’explique par des contraintes spécifiques : sécurité aérienne, pénibilité liée aux vols (horaires décalés, exposition aux rayonnements ionisants) et difficultés de reconversion professionnelle. Pourtant, la Cour des comptes estime que ces règles, bien que justifiées, pourraient être durcies pour éviter des déséquilibres financiers.
Un système à bout de souffle
Le rapport souligne que les hôtesses et stewards ne peuvent exercer au-delà de 55 ans, et les pilotes de 60 ans, sauf dérogation annuelle. Une mesure censée protéger les travailleurs, mais qui, selon les magistrats, pourrait être révisée pour éviter des abus.
« La gouvernance de la CRPN laisse à désirer, et certaines pratiques manquent de transparence »,indique le document.
Un débat politique en perspective
Alors que le gouvernement Lecornu II tente de rétablir les comptes publics, cette affaire pourrait relancer le débat sur les régimes spéciaux, souvent critiqués par la droite et l’extrême droite. La gauche, elle, défend ces dispositifs, arguant qu’ils compensent des conditions de travail particulièrement exigeantes. Dans un contexte de crise des finances publiques, cette polémique pourrait s’inviter dans les stratégies des partis en vue des élections de 2027.
Un enjeu européen
La France n’est pas la seule à s’interroger sur l’équilibre des régimes spéciaux. L’Union européenne, dont la France est un pilier, observe de près ces questions, soucieuse de cohérence entre les États membres. Des pays comme la Norvège ou l’Islande, réputés pour leur modèle social avancé, pourraient inspirer des réformes plus équilibrées.