Un vote à haut risque pour le gouvernement
Mardi 9 décembre, l'Assemblée nationale doit se prononcer sur le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026, un texte qui inclut la suspension controversée de la réforme des retraites. Un enjeu crucial pour le gouvernement Lecornu II, déjà fragilisé par les divisions politiques et les tensions sociales.
Une mesure négociée sous pression
La suspension de la réforme, négociée par le ministre Sébastien Lecornu, vise à éviter une censure des socialistes. Mais cette concession a immédiatement suscité l'ire des Républicains et d'Horizons, qui y voient un recule stratégique face aux pressions de la gauche.
Qui bénéficiera de cette suspension ?
Si le texte est adopté, les personnes nées entre janvier 1964 et mars 1965 pourront partir à 62 ans et 9 mois au lieu de 63 ans. Ils pourront aussi obtenir une retraite à taux plein avec 170 trimestres cotisés au lieu de 171. Selon les estimations, 400 000 à 650 000 assurés pourraient en bénéficier.
Un coût explosif pour les finances publiques
Initialement estimé à 100 millions d'euros en 2026 et 1,4 milliard en 2027, le coût a finalement bondi à 300 millions d'euros en 2026 et 1,9 milliard en 2027. Cette hausse s'explique par l'extension de la mesure aux carrières longues, aux aides-soignants, aux sapeurs-pompiers et aux habitants des DOM-TOM.
Des compensations abandonnées
Le gouvernement avait prévu de financer cette mesure par une rallonge sur la taxe exceptionnelle des complémentaires santé et un gel des pensions. Mais ces deux mesures ont été rejetées par les députés, laissant un trou de 2,5 milliards d'euros dans le budget de la Sécurité sociale.
Une stratégie politique risquée
Cette suspension de la réforme s'inscrit dans un contexte de crise des vocations politiques, où le gouvernement tente de rassurer l'électorat tout en évitant une fracture sociale. Mais cette manœuvre pourrait bien se retourner contre lui, en alimentant les critiques sur la gestion des finances publiques et en renforçant les divisions au sein de la majorité.
La réforme reprendra en 2028
Si la suspension est adoptée, la réforme Borne reprendra en janvier 2028. Une perspective qui laisse présager de nouvelles tensions, alors que la France s'apprête à vivre une année électorale cruciale.