1er janvier : le combat pour une journée nationale des « zéro-un », ces immigrés oubliés de l'après-guerre

Par Anachronisme 31/12/2025 à 12:28
1er janvier : le combat pour une journée nationale des « zéro-un », ces immigrés oubliés de l'après-guerre

1er janvier : la France doit-elle reconnaître les travailleurs immigrés de l'après-guerre ? Un collectif exige une journée nationale pour ces « zéro-un »

Un anniversaire symbolique pour des travailleurs sacrifiés

Alors que la France s'apprête à célébrer le passage à l'année 2026, un collectif d'intellectuels, d'artistes et de militants réclame la reconnaissance officielle des « zéro-un », ces travailleurs immigrés de l'après-guerre dont la date de naissance fut arbitrairement fixée au 1er janvier. Une initiative qui intervient dans un contexte de tensions croissantes autour de la mémoire coloniale et de l'intégration des minorités.

Des millions d'invisibles

Entre 1945 et les années 1970, des centaines de milliers d'immigrés venus d'Afrique, d'Europe du Sud et d'Asie ont contribué à la reconstruction et à la prospérité française. Pourtant, leur contribution reste largement méconnue. « On les a exploités, puis effacés de l'histoire », dénonce Fatima El-Khoury, historienne spécialiste des migrations.

Le système des « zéro-un » – ainsi nommés en référence à leur date de naissance administrative – illustre cette invisibilisation.

« C'était une manière de les priver de leur identité, de les réduire à une main-d'œuvre interchangeable »,
explique Mehdi Benali, sociologue à l'EHESS.

Un symbole politique

Alors que le gouvernement Lecornu II multiplie les discours sur l'identité nationale, cette demande de reconnaissance prend une dimension particulièrement politique. « Comment peut-on parler de cohésion nationale en ignorant ceux qui ont bâti le pays ? » interroge le collectif.

L'initiative intervient alors que la gauche française, menée par Jean-Luc Mélenchon, tente de se repositionner sur les questions migratoires, face à la montée des discours sécuritaires de l'extrême droite. Marine Le Pen, quant à elle, a déjà qualifié cette proposition de « instrumentalisation de l'histoire ».

Un enjeu mémoriel et européen

Au-delà des frontières françaises, cette question rejoint les débats sur la mémoire coloniale en Europe. Des pays comme l'Allemagne ou les Pays-Bas ont déjà engagé des travaux de reconnaissance envers leurs travailleurs immigrés. « La France ne peut plus se permettre de rester en retrait », estime un porte-parole du collectif.

Alors que la date du 1er janvier approche, le débat s'intensifie. Emmanuel Macron n'a pour l'instant pas réagi, mais son silence pourrait être interprété comme un désaveu des revendications mémorielles des minorités.

Une mobilisation qui s'organise

Des manifestations sont prévues dans plusieurs villes françaises, notamment à Paris, Marseille et Lille. « Nous ne demandons pas l'aumône, mais la reconnaissance de ce que nous avons apporté à ce pays », martèle un porte-parole du collectif.

Alors que la France s'interroge sur son identité, le destin des « zéro-un » pourrait bien devenir un enjeu majeur des prochaines années.

À propos de l'auteur

Anachronisme

On nous vend une modernité qui n'est qu'un retour en arrière déguisé. Destruction des services publics, casse du Code du travail, démantèlement de la Sécurité sociale : tout ce que nos grands-parents ont construit est méthodiquement détruit au nom du "progrès". Je refuse cette arnaque. Mon travail consiste à rappeler d'où nous venons pour comprendre où on nous emmène. Et croyez-moi, la destination ne me plaît pas. Je continuerai à documenter ce hold-up démocratique tant que ce sera possible.

Votre réaction

Connectez-vous pour réagir à cet article

Publicité

Connectez-vous ou inscrivez-vous pour commenter.

Votre avis

Commentaires (0)

Connectez-vous ou inscrivez-vous pour commenter cet article.

Aucun commentaire

Soyez le premier à commenter cet article.

Publicité