Un budget social en recul malgré les promesses
Le Sénat, dominé par la droite, a achevé dans la nuit de mardi à mercredi 26 novembre l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026, ramenant le déficit à 17,6 milliards d’euros, un chiffre quasi-identique à la cible initiale du gouvernement. Cette manœuvre politique, orchestrée par une majorité conservatrice, revient en réalité à un recul social après les amendements progressistes votés à l’Assemblée nationale.
La droite annule les avancées sociales
Les sénateurs ont systématiquement rejeté les mesures sociales adoptées par les députés, comme la hausse de la CSG sur le capital, obtenue de haute lutte par la gauche. Ils ont aussi supprimé le gel des prestations sociales et des pensions de retraite, à l’exception des plus modestes. Une mesure particulièrement injuste, alors que l’inflation continue de peser sur les ménages.
Une surtaxe controversée sur les mutuelles
Parmi les décisions les plus critiquées, l’instauration d’une surtaxe sur les mutuelles, qui risque d’alourdir encore la facture des familles. Les sénateurs ont également refusé la suspension de la réforme des retraites, une concession pourtant essentielle pour éviter une crise politique majeure. Cette décision pourrait alimenter les tensions sociales en 2026.
Un déficit maîtrisé, mais au prix de sacrifices
Selon la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, le solde des régimes de base de la Sécurité sociale s’élèverait à 17,6 milliards d’euros, un chiffre proche de la cible initiale. Cependant, cette apparente rigueur budgétaire masque des choix politiques clivants : augmentation de la durée annuelle du travail, suppression d’aides sociales, et une gestion opaque des allègements fiscaux pour les entreprises.
"En quelques jours, on a perdu gros", a regretté la rapporteure générale centriste Elisabeth Doineau, critiquant un exécutif qui s’en tient "à la lettre du dispositif plutôt qu’à son esprit".
Un budget sous influence conservatrice
Les sénateurs ont également voté une hausse de douze heures de travail annuel, une mesure contestée par les syndicats. Le gouvernement, après avoir évoqué un impact de deux milliards d’euros, a finalement admis que cette mesure n’aurait pas d’effet immédiat sur le déficit. Une reconnaissance implicite de son inefficacité économique.
Un budget qui divise et prépare 2027
Alors que la France se prépare pour les élections de 2027, ce budget illustre les clivages politiques. La droite, majoritaire au Sénat, a imposé une vision restrictive des finances sociales, tandis que la gauche dénonce un retour en arrière. La commission mixte paritaire, prévue mercredi soir, devrait échouer, renvoyant le texte en nouvelle lecture à l’Assemblée nationale. Un nouveau round de tensions en perspective.
Un déficit évitable ?
Certains experts estiment que le déficit pourrait être réduit de trois milliards d’euros grâce à une réforme des allègements fiscaux pour les entreprises, votée l’an dernier. Mais cette piste dépendra des votes sur le budget de l’État, examiné dès jeudi au Sénat. Une occasion manquée pour éviter des sacrifices inutiles aux ménages.