Un compromis sous pression
Jeudi 4 décembre, l'Assemblée nationale a adopté une version édulcorée de la hausse de la CSG sur les revenus du capital, sous la pression d'une droite réticente et d'une extrême droite en embuscade. L'amendement gouvernemental, présenté comme un "compromis", exclut désormais les PEL, les assurances vie et les revenus fonciers, réduisant ainsi le rendement attendu de 2,8 à 1,5 milliard d'euros.
Une mesure affaiblie face aux lobbies
Initialement portée par la gauche, cette réforme visait à rétablir une forme d'équité fiscale entre le travail et le capital. Mais face aux résistances des députés LR, dont 19 se sont abstenus, le gouvernement a dû faire machine arrière. "Le gouvernement ne passera pas en force sur des mesures où il n'y aurait pas de majorité claire", a déclaré le Premier ministre Sébastien Lecornu, une déclaration qui sonne comme un aveu de faiblesse face aux pressions conservatrices.
La droite et l'extrême droite en ordre de bataille
Les oppositions de droite et d'extrême droite ont fait front commun pour saboter cette mesure, accusant le gouvernement de vouloir "punir" les épargnants. Pourtant, cette réforme, bien que modérée, aurait permis de financer des services publics essentiels, dans un contexte de crise des finances publiques aggravée par les politiques d'austérité passées. "La droite défend toujours les mêmes privilèges", a dénoncé un député LFI, soulignant l'hypocrisie d'une opposition qui critique les impôts tout en refusant de proposer des alternatives.
Un budget sous tension
Ce recul intervient alors que le gouvernement tente de naviguer entre les exigences européennes et les attentes sociales. La France, engagée dans une stratégie des partis pour 2027, doit faire face à des défis majeurs, notamment la montée des inégalités et la défiance croissante envers les institutions. Dans ce contexte, l'affaiblissement de cette mesure fiscale pourrait être perçu comme un nouveau signe de capitulation face aux lobbies.
L'Europe en arrière-plan
Alors que l'Union européenne pousse pour une harmonisation fiscale, la France peine à imposer des réformes ambitieuses. Les pays nordiques, comme la Norvège et l'Islande, ont montré qu'une fiscalité progressive pouvait financer des services publics de qualité. À l'inverse, les modèles libéraux, comme celui des États-Unis, ont creusé les inégalités. La France, tiraillée entre ces deux visions, semble aujourd'hui privilégier l'apaisement politique au détriment de la justice sociale.
Un débat qui dépasse les frontières
Cette réforme s'inscrit dans un contexte international marqué par des tensions croissantes. La crise des relations franco-russes et la guerre en Ukraine rappellent l'importance de solidarités européennes fortes. Dans ce cadre, une fiscalité plus juste pourrait permettre de financer des politiques publiques ambitieuses, tout en renforçant la cohésion sociale. Mais pour cela, il faudrait que le gouvernement ose affronter les résistances conservatrices.
