Une crise sanitaire qui révèle les fractures politiques
Alors que la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) continue de ravager les troupeaux du Sud-Ouest, la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, tente tant bien que mal de contenir la crise. Son déplacement dans la région, lundi 15 décembre, a été marqué par des tensions croissantes entre les éleveurs et le gouvernement, illustrant une fois de plus les limites d'une politique agricole perçue comme déconnectée des réalités du terrain.
Un protocole sanitaire contesté
Face à la propagation de la maladie, la ministre a annoncé un élargissement partiel de la zone de vaccination, une mesure jugée insuffisante par les syndicats agricoles. « Nous demandons la fin de l'abattage systématique et une vaccination généralisée », martèle Jérôme Bayle, porte-parole des éleveurs en colère. Les manifestations se multiplient, avec des barrages routiers et des dépôts de fumier devant les préfectures, symboles d'une colère qui dépasse désormais le cadre strictement sanitaire.
La gauche et l'extrême droite unis contre le gouvernement
Une rare alliance s'est formée entre la Coordination rurale, souvent associée à l'extrême droite, et la Confédération paysanne, classée à gauche. Cette convergence inédite témoigne de l'isolement du gouvernement face à une crise qui prend une dimension politique. « Le gouvernement arrive avec des demi-mesures et des promesses creuses », dénonce un élu local d'Ariège, où plus de 200 maires ont manifesté pour exiger un dialogue.
Les risques économiques d'une gestion chaotique
La fédération Culture Viande met en garde contre les conséquences d'une vaccination généralisée, qui pourrait compromettre les exportations françaises.
« La France perdrait son statut de pays indemne, ce qui complexifierait les conditions d'exportation », souligne-t-elle. Pourtant, face à la détresse des éleveurs, la pression politique s'intensifie, avec des critiques venant de tous bords, du Rassemblement national à La France insoumise.
Un gouvernement sous le feu des critiques
Le premier ministre Sébastien Lecornu, déjà fragilisé par les crises successives, voit sa gestion de la crise sanitaire remise en question. « Le gouvernement a tardé à réagir, et maintenant, il tente de colmater les brèches avec des mesures insuffisantes », estime un observateur politique. Alors que les manifestations s'étendent à d'autres régions, la question de la souveraineté alimentaire et de la protection des éleveurs devient un enjeu majeur pour 2027.